Medinger: Sur le siège de Luxembourg en 1684

Abschrift eines Aufsatzes von Paul Medinger aus dem Jahre 1934 zur Einnahme der Stadt Luxemburg durch die Franzosen Ludwigs XIV. Erschienen auf den Seiten 186 bis 194 in der Zeitschrift “Ons Heemicht”.

Sur le siège de Luxembourg en 1684.

Par P. Medinger.

Le prince de Chimay 1) commandait une garnison numériquement assez faible, soldats de qualité cependant, surtout les deux terces (régiments) 2) de Castillo et de Moncada ainsi que le régiment de Wallons 3) du comte de Tilly. Ce sont également ces deux chefs, Castille et Tilly, dont l’opinion avait le plus de poids au conseil de guerre.

Don Francisco del Castillo-Faxardo 4) occupait le bastion de Berlaimont à l’emplacement de la Banque Internationale actuelle. Avec son régiment espagnol il commandait encore le régiment de dragons 5) de Montifaut. 6) Le comte de Tilly 7) occupait la demi-lune (rempart en forme d’angle Obtus couvrant la courtine rectiligne, on dit aussi le ravelin) de la Porte-Neuve, située devant le fossé entre les bastions Marie et Berlaimont. A gauche (à l’ouest) de la Porte-Neuve il y eut le bastion Marie qui formait le coin entre le front de l’ouest et le front nord. Le bastion se trouvait au croisement des rues actuelles du Boulevard Royal et de l’avenue Amélie. Devant le bastion, sa contre-garde s’étendait jusque devant le monument d’Amélie. Une redoute était établie près de la chapelle actuelle de Notre-Dame.

Sur un plan moderne de la ville de Luxembourg il est facile d’indiquer la ligne du rempart du corps de place en suivant le Boulevard Royal. Elle coïncide avec la rangée de maisons au-delà de la chaussée. Le front occidental (du côté de Merl et de Bertrange) longe le tracé du Boulevard jusqu’au début de l’avenue Marie-Thérèse, où se trouvait alors le bastion Jost. Au milieu de la ligne il y eut le bastion Camus (entre l’avenue de l’Arsenal et l’avenue. Monterey). Chacun des cinq bastions était précédé d’une contregarde – s’avançant ici jusque dans le parc actuel – qui était protégée par une redoute plus avancée encore.

Les bastions Marie et Camus avec leurs ouvrages furent confiés à différents régiments qui se relayaient au bastion Marie, alors que le bastion Camus ne fut pas attaqué.

Dans ce secteur il y eut les Espagnols du régiment de Moncada 9), le régiment de Hauts-Allemands sous Godefroid van der Straten, celui du prince de Bade, commandé par le lieutenant-colonel J.-H. de Metzenhausen et deux régiments de cavalerie, cuirassiers allemands: celui du colonel de Chauvirey 9) et celui du colonel H. Theis (H. Theyst de Braunfelt), puis deux compagnies de Croates (cavalerie légère), de 150 hommes chacune, enfin trois compagnies libres, hors de régiment, de 50 hommes chacune, également à cheval. Cette cavalerie fut détachée le 12 mai aux portes du Pfaffentbal, du Château et du Grund.

Le bastion Jost fut défendu par quelques détachements; il ne fut d’ailleurs pas attaqué non plus.

La hauteur de Verlorenkost était protégée depuis 1625 par un réduit à large tour. La muraille du Rham avec la petite redoute Beaumont du côté de la vallée de l’Alzette était occupée par cinquante hommes. Le régiment haut-allemand du colonel J.-Fréd. d’Autel 10) occupait le bastion du Château, dominant le Bock.

La garnison comprenait en outre deux compagnies libres d’Allemands et sept compagnies bourgeoises de volontaires de 50 hommes chacune, ces dernières ne comptant pas dans l’effectif de la garnison. Celle-ci comprenait encore trois compagnies libres de 50 hommes chacune, cités plus haut, comprenant: a) une compagnie de francs hommes commandée par le capitaine Pierre J. Gringoire (cité aussi Grigoire ou Grégoire), b) une compagnie de cuirassiers du pays, sous le capitaine Pierre Halanzy enfin c) une troisième de la même arme sous le capitaine du Barré, probablement, d’après Vannerus, Martin du Bray.

L’effectif total de la garnison était d’environ 4000 hommes. Knaff (Arth. Knaff, Die Belagerung der Festung Luxemburg durch die Franzosen unter Maréchal de Créqui im Jahre 1684, in Publ. de la Sect, hist. XXXV ou 1881, p. 364-417) l’évalue à 4400 en y comprenant les 350 volontaires luxembourgeois. Vannerus nous signale que le nombre de 2639 indiqué par le prince de Chimay au début du siège, le 30 avril, est manifestement inexact. Le prince de Chimay d’ailleurs, dans ses rapports sur les conseils de guerre (publiés comme annexe par Vannerus) répète plus d’une fois que les officiers remarquent qu’en face du petit effectif de la garnison, du petit nombre de soldats qui restent pour la défense de tel ouvrage, de l’état dans lequel se trouvent les survivants, il se recommandait de …. Il est clair que le prince, pendant le siège a fait son devoir d’administrateur sous tous les rapports.

Mais à propos d’affaires militaires il manque absolument d’expérience; il est impressionnable et il est loin d’avoir le calme et le sang-froid que conservent les officiers expérimentés comme Tilly et Castillo.

Les ouvrages de fortification étaient en bon état. On regrette seulement que les petits ouvrages en terre établis par les Espagnols au Bas-Grunewald (la hauteur au-dessus de l’église actuelle du Pfaffenthal) n’aient pas été achevés, c’est-à-dire construits en maçonnerie et garnis de puissantes batteries. Car nous voyons les Français, après en avoir chassé les Espagnols, y placer de fortes batteries qui contribuèrent• vivement, par leur feu flanquant, à la prise de la redoute et de la contregarde Berlaimont. Aussi après la prise de Luxembourg Vauban eut-il hâte de faire disposer sur les hauteurs du Haut-Grunewald un ouvrage à cornes (à deux bastions) et du Bas-Grunewald un ouvrage à couronne (trois bastions) solidement maçonnés.

Il est vrai que la ville, deux fois menacée, d’août 1681 – mars 1682 et de novembre à décembre 1683 était assez épuisée et avait cruellement souffert par le bombardement en décembre 1683, mais il y avait presqu’assez de vivres et suffisamment de munitions. Cependant l’effectif de la garnison n’était pas suffisant et Vauban dit lui-même qu’avec une garnison plus forte la place aurait pu résister six mois de plus.

L’armée française arriva devant la place le 28 avril et les jours suivants, les travaux commencèrent dès le 29. Créqui établit son quartier général à Merl et jusqu’à l’arrivée de Vauban les terrassiers lorrains travaillent la terre en disposant une ligne de circonvallation le long de l’allée Scheffer actuelle, par-devant le cimetière jusqu’au Boulevard Extérieur. En même temps ils creusent la tranchée en zig-zag de la crête de Kirchberg jusqu’au bord de la hauteur du Bas-Grunewald et de la hauteur des Trois Glands. De la colline du Fetschenhof la tranchée est creusée vers le plateau du Rham, alors que les sapeurs ouvrent des tranchées contre le réduit de Verlorenkost.

Les opérations militaires pendant le siège sont relatées dans le rapport officiel de Chimay, publié par Vannerus (édition soignée et commentée avec notes sur les personnages et l’appréciation de certains détails. Arth. Knaff (déjà cité, Publ. XXXV) donne le récit le plus complet, ne manque pas de jugement. J. Coster, Geschichte der Festung Luxemburg, à la page 115— 138, est sans valeur documentaire ni critique. Un bon, rapport nous est offert par Engelhardt, Geschichte der Stadt und Festung Luxemburg, qui se base sur un ancien manuscrit français. Le travail d’Eug. Wolff, Le siège de Luxembourg (28. IV. – 4. VI. 1684) programme de 1’Athénée de Luxembourg 1905, se base sur la correspondance (455 lettres) des généraux français, alors que dans le volume XLIV (1895) des Publ. Arth. Knaff publie l’exposé d’un témoin oculaire (Bericht eines Augenzeugen über die Besetzung Luxemburgs durch die Franzosen im Jahre 1684, témoin qui est peut-être un moine d’Echternach. Nous avons enfin le récit de Bertholet dans son Histoire ecclésiastique et civile du duché de Luxembourg et comté de Chiny, VIIIme, vol. 1741-1743.

A propos de la sortie du 1er mai nous remarquons que le régiment de cavalerie française de Roquevieille, venant de Merl, est arrêté par la petite dépression du Val Ste Croix (Kreuzgründchen). C’est le marquis de Montrevel, son supérieur, du même quartier, général, qui amène au Limpertsberg un détachement du régiment Schomberg et ils forcent les Espagnols à se retirer. Dans la poursuite la cavalerie française, s’approchant trop des palissades, subit des pertes sérieuses par le feu de mousqueterie de la garnison et l’action des batteries du rempart.

Cette sortie, dont Vauban loua la conduite, aurait été impossible après l’arrivée de l’artillerie de siège de l’armée française, c’est-à-dire après le 8 mai. Une note du curé Feller aux registres de baptêmes de la paroisse de St. Nicolas dit que la sortie a été entreprise sous la conduite de Chimay. Arth. Knaff rejette cette opinion en soulignant le devoir du gouverneur qui lui défendait d’exposer si légèrement sa vie. Cela est d’ailleurs peu vraisemblable, Chimay n’ayant pas fait de campagne et manquant d’expérience militaire.

Le 8 mai, l’artillerie de siège des Français était au complet. C’est alors que les Français organisèrent l’attaque. Sur le front nord, les deux tranchées aboutirent l’une devant la redoute Berlaymont, l’autre devant la redoute Marie. Ils établirent quatre batteries, dont une sur le Tintenberg (non loin de la légation allemande actuelle) la deuxième et la troisième (celle-ci était composée de mortiers) en avant du cimetière actuel, une quatrième batterie de quatre pièces dirigées contre le Bock. Enfin une sur la hauteur du Bas-Grunewald. Ces batteries ouvrirent le feu dans la nuit du 8 au 9 mai. Entretemps les tranchées s’avançaient contre le mur du Rham et le réduit Verlorenkost, alors que la seconde attaque française fut dirigée contre le plateau d’Altmünster où les Français établirent une batterie assise le lendemain sur le Haut-Grunewald (Thungen) dirigeait sur le Bock un feu si intense que la garnison dut céder pas à pas. Les Français occupèrent le Bock inférieur.

L’intensité du feu des batteries françaises et la supériorité de leur artillerie sur les pièces de la place se manifestait aussi dans la suite. C’est ainsi que le 10 mai les deux batteries établies devant la redoute Marie démontèrent les 10 lourdes pièces du cavalier (on appelle cavalier le rempart transversal sur lequel reposent les pièces) du bastion Marie et démolirent en partie le bastion. Le 12 mai le feu de l’assiégeant était si efficace qu’au bastion Berlaimont il ne restait plus que six canons en état de servir. Quoique les redoutes Marie et Berlaimont ne fussent abandonnées que le 19 (Marie) et le 20 mai (Berlaimont), les batteries françaises avaient détruit les deux étages supérieurs de ces ouvrages et dès le 18 il y eut des combats dans les fossés des contregardes de ces deux bastions.

Sur le Rham, les Français, au moyen de quatre mines, firent sauter la partie du mur entre la porte de Trèves (la tour carrée qui subsiste et qui formait alors la porte de Trèves) et la première tour ronde, s’emparèrent de la porte de Trèves et descendirent au Grund.

Le 27 mai eut lieu au front nord l’action décisive des Français: l’assaut donné aux contregardes Berlaimont et Marie. Depuis quatre jours Vauban a fait préparer une quantité énorme de matériel: fascines, gabions pour la couverture, grenades et bombes pour l’assaut. Créqui, malgré l’opération d’un abçés à la jambe, opération subie le matin du 26, va en carosse au flanc de la contregarde Marie. Deux tranchées y percent la contrescarpe des fossés devant le flanc droit de la contrescarpe Marie et le flanc gauche du ravelin de la Porte-Neuve. Il y reste jusqu’à 11 heures du soir.

Le 27 Vauban a préparé trois colonnes d’attaque sur la contregarde Berlaimont: sur la pointe et sur les deux faces. 400 grenadiers suivis de deux ingénieurs avec 60 ouvriers, ayant en réserve 300 hommes. Vauban lui-même se tenait en réserve avec des ingénieurs et des ouvriers. Depuis l’aube, un feu intense des batteries fut entretenu sur le front nord. Après le jeu des mines, les Français escaladent le mur d’escarpe par les brèches, qu’ils se mettent à élargir. A ce moment les Espagnols les attaquent à coups de piques et de faux et lancent les grenades. Enfin les Espagnols sont repoussés à l’intérieur d’où leurs mousquetades causent des pertes sensibles aux Français, à mesure qu’ils se montrent sur l’épaulement du rempart. Plusieurs assauts ne parviennent pas à les en déloger.

La colonne de gauche a eu de la peine à descendre la contrescarpe qui avait une hauteur de huit à dix pieds. Pendant qu’ils s’avançaient sur l’escarpe (selon Knaff, c’étaient le 28 mai, de même d’après Coster qui copie Knaff), un escadron de cavalerie les chargea et les incommodait fort, jusqu’à ce que le feu de mousqueterie des grenadiers du haut de la contrescarpe finit par les refouler. Les Espagnols enfermé dans le noyau de l’ouvrage s’y défendirent encore opiniâtrement. Enfin ils quittèrent l’ouvrage.

Dans la suite l’artillerie de la place entretint un feu si efficace contre cet ouvrage que les Français se virent forcés de le quitter à leur tour en y allumant des raines, avant de sortir, qui le détruisirent de fond en comble. Le 29 mai les Français s’emparèrent cependant de la contregarde Marie. Le 30 mai enfin les Espagnols abandonnèrent également la demi-lune (le ravelin) de la Porte-Neuve.

Aussitôt Vauban fit saper les murs (escarpes) des bastions Berlaimont et Marie de même que celui de la courtine, de sorte que les mineurs purent creuser des galeries en-dessous du rempart et les pousser en avant jusqu’à ce qu’on entendit dans les caves de la ville les coups de marteau des sapeurs français. En même temps le feu des lourdes pièces des batteries françaises ébrêchait de plus en plus l’escarpe du rempart. Le 31 mai le prince de Chimay fit rentrer dans le corps de place toutes les troupes qui occupaient encore quelqu’ouvrage extérieur.

Dans la nuit du 31 mai au ler juin, le gouverneur convoqua un conseil de guerre pour le consulter sur la possibilité de tenir encore. Les rapports sur les délibérations, publiés par Vannerus, nous intéresseront pour la caractéristique des personnages. Nous allons exprimer en quelques mots leurs sentiments. Il y a d’abord la voix des ingénieurs; ensuite deux officiers hors cadre et enfin huit officiers actifs; d’Autel n’était pas présent.

  • Les ingénieurs: On ne pourra tenir que fort difficilement, avec grandissime danger d’être emportés.

Etaient non actifs Pedro de Aldao et Blaret.

  • don Pedro de Aldao, officier supérieur, hors cadre: Avec, le petit nombre de soldats, il sera fort difficile de tenir dans la brèche.
  • Le vice-colonel Blaret (dont on ne sait pas s’il exerçait un commandement pendant le siège): Nous sommes encore en état de soutenir un assaut que l’ennemi entreprendra.

Restaient les huit officiers actifs:

  • Jean-Henri de Metzenhausen (commandant le régiment. d’infanterie, Bas-Allemands de Bade): Vu le peu de soldats, nous ne sommes pas en état de soutenir un assaut général.
  • Laurent de Barbazan (lieut.-col. sous Castillo): Si l’on peut avoir 1000 hommes aux bastions attaqués, on y pourra attendre l’assaut.
  • Ferd.-Jacques Lindeman de Nevelsteyn (serg.-major sous Tilly): On soutiendrait le premier effort, mais on finirait par succomber.
  • Henri Theis (colonel d’un régiment de cuirassiers): Je n’ai servi qu’à cheval, ne suis pas compétant en matière de sièges; mais je pense qu’il serait fort difficile de tenir.
  • Godefr. van der Straten (colonel d’un régiment d’infanterie de Hauts-Allemands): En disposant 800 hommes sur la brèche, on pourra tenir.
  • de Chauvirey (colonel d’un régiment de cuirassiers allemands): Malgré le petit nombre des soldats et leur mauvais état de santé, malgré le nombre nécessaire pour défendre les différents ouvrages, on pourrait pourtant soutenir un assaut général.
  • Alb. t’Sercelaes de Tilly (mestre de camp d’un régiment de Wallons) Je ne puis rien dire sur les brèches, il n’y en a pas encore. On devra rapprocher du bastion Berlaimont tout le monde disponible, des précautions seront à prendre aux jardins des Capucins et de Mme de Schomberg, il faut faire monter un corps de cavalerie prêt à repousser l’ennemi et faire terrepleiner (couvrir) toutes les sorties pour épargner du monde.
  • Don Francisco del Castillo-Faxardo (colonel d’un terce d’infanterie espagnole). N’y ayant pas de brèche, n’y ayant pas d’autre poste à garder, sauf les portes de Pfaffenthal, du Château et du Grund, où il faudra très peu d’hommes, la position des jardins, malgré les mineurs, présentant si peu de danger (le mur des Capucins, derrière le bastion Berlaimont, étant bien défendu), je suis par ailleurs de l’avis du comte de Tilly.

On voit qu’il n’y a guère une forte majorité pour la capitulation. Mais le gouverneur étant sollicité de toute part en faveur de la reddition; les magistrats craignant que la ville ne puisse être saccagée, il finit par proposer une capitulation qui fut signée le 3 juin.

Le 1er juin à l’aube – c’était un jeudi – Chimay demanda â capituler. Créqui fit cesser le feu et on échangea des otages. Mais le gouverneur ayant demandé un armistice de huit jours, afin d’informer le marquis de Grana, gouverneur général des Pays-Bas espagnols, résidant à Bruxelles, le maréchal refusa ce délai, observant que Chimay, en sa qualité de gouverneur et étant sur place, devait être à même de juger s’il pouvait tenir ou non, sans attendre l’approbation de Bruxelles ou de Madrid. Il demande une réponse définitive pour 3 heures. Chimay fit proposer de remettre une capitulation bien formulée le lendemain – vendredi – à -10 heures du matin en demandant que le feu cessât entretemps. Créqui répondit qu’il voulait bien faire cesser le feu au moment et à l’endroit du passage des parlementaires, mais qu’il n’était pas d’usage ni raisonnable d’accorder un armistice jusqu’au moment de la signature de la capitulation. C’est alors – à 5 heures du soir – que les négociations se rompirent; à 6 heures les batteries françaises reprirent le feu et deux fortes mines furent apprêtées sous le bastion Berlaimont et sous le bastion du Château. Le 2 juin le gouverneur fit faire des retranchements et des coupures dans les rues derrière ces points menacés. Mais dès le 3 juin, à 10 heures du matin, on hissa le drapeau blanc et la capitulation fut signée à 5 heures du soir, dans le quartier général à Merl.

Créqui accorda une capitulation honorable en souvenir: de la résistance opinâtre faite au front nord par Tilly et Castillo. C’étaient surtout les Espagnols du régiment de Castillo dont les Français relevèrent la valeur. Il est vrai que la garnison, à l’effectif initial de 4000 hommes, n’eut plus qu’entre 1300 et 1400 hommes valides lorsqu’elle quitta la place le 7 juin. Les 350 volontaires luxembourgeois des compagnies bourgeoises avaient 80 morts et de nombreux blessés. – L’armée française avait perdu 8000 hommes.

En reconnaissant l’impossibilité de tenir la place en face de l’armée de Créqui et vis-à-vis de l’attaque organisée et dirigée par Vauban, nous excuserons le gouverneur d’avoir fini par capituler, en le félicitant pour le zèle déployé dans l’intérêt de la garnison.

Le récit du siège nous laisse une impression flatteuse de la conduite active et vaillante du colonel J.-Fréd. d’Autel sur le rocher du Bock, du colonel de Chauvirey lors des délibérations du dernier conseil de guerre (du 30 mai), mais surtout du colonel de Tilly avec ses Wallons et du colonel del Castillo avec ses Espagnols pendant l’attaque finale.

Remarque Medinger – 1)

Ern.-Alex.-Dom. de Croy-Chimay-Arenberg, prince de Chimay, chevalier de la toison d’or, nommé gouverneur du pays de Luxembourg le 21 juillet 1676.

Remarque Medinger – 2)

On appelait le régiment espagnol tercio, parce que primitivement -il était: divisé en trois groupes armés respectivement de piques d’arquebuses et d’épées. Grâce au caractère physique du haut-plateau ibérique à air raréfié l’Espagne, comme la Suisse, a fourni des fantassins agiles et soutenant de longues marches, de sorte que les tercios espagnols étaient redoutés.

Remarque Medinger – 3)

Les Wallons, population romane de la Belgique, étaient des laboureurs de condition modeste. Ils se formaient donc à toute discipline et l’on sait la préférence donnée déjà par Wallenstein aux conscrits wallons qu’il incorpora dans les régiments de cavalerie cuirassée, alors qu’il plaça les Flamands, habiles artisans, dans l’artillerie ou dans les troupes techniques. Déjà avant lui, Tilly, un ancêtre de notre mestre de camp, avait levé des régiments wallons. C’est ainsi que dans l’église du village de Wijnandsrade, au sud du Limbourg hollandais, on voit le monument funéraire d’un baron Guillaume de Bongart, seigneur de Wijnandsrade, de Moersdorf, de Larochette et de Beaufort, banneret du duché de Luxembourg, colonel de 1000 cuirassiers dans l’armée de Tilly, tué à la bataille de Breitenfeld le 17 septembre 1631. (Luxbg. Marienkal. 1930, p. 53 ss.)

Remarque Medinger – 4)

Don Francisco del Castillo-Faxardo, mestre de camp (colonel) d’un régiment d’infanterie espagnol. Il avait déjà servi plus de dix ans dans l’armée d’Espagne et soutenu trois sièges. C’est lui et son régiment qui se distinguèrent le plus pendant le siège, le bastion Berlaimont avec ses ouvrages avancés ayant à soutenir le choc principal de l’assiégeant.. 9 5) A cette époque les dragons quittaient parfois la selle pour combattre à pied, alors qu’à l’ordinaire ils exécutaient des charges, portant le casque et parfois la cuirasse.

Remarque Medinger – 6)

Il s’agit, comme le remarque Vannerus, ou bien de Jacques-François ou bien de François de Bonmarché, sgr. de Montifaut (Montifeau, Montifaux) près de Lille.

Remarque Medinger – 7)

Albert-Octave t’Serclaes, comte de Tilly, colonel d’un régiment wallon. Il avait servi depuis 1666 et s’était distingué au siège de Cambrai. Créé prince en 1693, il mourut à Barcelone en 1715, grand d’Espagne et chevalier de la toison d’or (Vannerus p. 25). On remarquera dans les délibérations des conseils de guerre (ibid.) que del Castille), surtout à propos des questions décisives (le 28 mai et le 30), rappelle et approuve les opinions exprimées par Tilly.

Remarque Medinger – 8)

Ce sont sept compagnies du régiment du mestre de camp don Joseph de Moncada y Aragon, en tout 400 hommes dont la moitié servait« au bastion Marie,-le reste sous d’Autel au bastion du Château.

Remarque Medinger – 9)

Nicolas-François de Chauvirey, d’une famille originaire de Bourgogne, né en Lorraine. Bon officier, il eut le commandement de la cavalerie lors de la sortie du 1er mai par la Porte-Neuve.

Remarque Medinger – 10)

Jean-Frédéric d’Autel, né à Luxembourg, en 1645, de Godefroid et d’Apolline de Larochette. En 1666 il fut officier, au régiment de Gréhange. Pendant le siège il se signala par la défense très active qu’il fit du Bock lors de l’attaque flanquée par le feu de la batterie du Haut-Grunewald et des pièces du Fetschenhof, de même qu’il dominait le faubourg du Grund d’où H aurait chassé les Français descendus à la suite de la prise de la porte de Trèves, Après le siège il fut nommé comte et servit dans l’armée autrichienne comme général d’artillerie; il y obtint le grade de feld-maréchal. En 1697 il fut nommé gouverneur de Luxembourg et mourut comme tel en 1716. Il a légué la chaîne de sa Toison d’or au trésor de Notre Darne où elle se trouve encore. Le siège de sa famille se trouvait à Autel (en allemand Elter), près d’Arlon: Il était seigneur de Mersch, Tiercelet, Remich, Heffingen, Larochette etc.

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