Grandmaison: introduction

Anmerkung DE: Der nachstehende Text ist nicht von mir, sondern aus der Feder von Charles Loizeau de Grandmaison (1824-1903), veröffentlicht 1852 in Paris.

Introduction

On ne se doute guère aujourd’hui que peu de questions aient été plus agitées que celle de l’origine des armoiries et que les livres écrits sur cette matière formeraient une bibliothèque assez considérable. Ces livres divers sont remplis de systèmes, tous échafaudés à grand renfort d’érudition, tous appuyés sur des textes décisifs et accablants pour les adversaires. Les poëtes (-sic-), les philosophes, les historiens, les livres sacrés et profanes ont été fouillés en tous sens, et il n’est pas un vers, pas une ligne parlant de casque, de cimier, de bouclier, d’étendard, de signe, d’emblème, de figures allégoriques ou même hiéroglyphiques, qui n’ait été cité, allégué, torturé, pour établir ou renverser une opinion. On peut croire, d’après cela, que le nombre de ces opinions n’est pas médiocre, et l’on en compte bien une vingtaine. Rien n’a pu arrêter les fabricateurs d’origines, et l’un d’eux, Favyn, est allé, dans son Théâtre d’honneur et de chevalerie, jusqu’à faire les armoiries aussi anciennes que le monde; il en donne de différentes à Caïn et à Abel. Un autre, Segoing, en attribue l’invention aux fils de Noé. Tous deux, il est vrai, n’apportent pas grand texte à l’appui de leurs opinions, et l’induction surtout semble les avoir conduits à ce beau résultat; mais voici venir Bara, qui s’appuie sur un passage de Diodore de Sicile pour faire aux Egyptiens l’honneur de cette invention. D’autres vont suivre, qui citeront le second chapitre du livre des Nombres pour en gratifier les Hébreux, et l’on aura les armes des douze fils de Jacob, de Josué et de David, d’Esther et de Judith. D’autres, et le P. Petra-Sancta est du nombre, en fixent l’origine au temps des Assyriens, dont les armes étaient une colombe, et il cite là-dessus non- seulement les chap. 25, 46 et 30 de Jérémie, où il est parlé de cette colombe, mais encore ces deux vers de la 7e élégie du livre 1er de Tibulle:

Quid référant ut volilet crebras intacli per urbes
Alba palestino sancta columba syro?

Les temps héroïques de la Grèce n’ont pas été négligés, comme on le pense bien, et là les autorités abondaient et la mine était riche et familière aux écrivains des XVIe et XVIIe siècles. Aussi était-ce par centaines qu’on alléguait les passages des historiens et des poëtes qui semblent favoriser cette opinion: tout ce qu’Eschyle a écrit sur les boucliers des chefs combattant devant Thèbes, tout ce que Valérius Flaccus a dit des emblèmes portés par les Argonautes, tout ce qu’Homère et Virgile nous rapportent des figures peintes sur les boucliers, les casques et les cuirasses des guerriers grecs au siège de Troie, a été cité successivement ou à la fois.

Sicile le Héraut veut qu’Alexandre le Grand ait réglé les armoiries et l’usage du blason et institué les hérauts d’armes.

Le P. Monet en fixe l’origine aux temps des empereurs romains, et allègue la Notice de l’Empire, où les boucliers des légions romaines sont décrits avec toutes leurs figures et toutes leurs couleurs.

Et l’on va ainsi descendant le cours des siècles et faisant naître l’usage des armoiries, les uns au milieu des débris de l’empire romain et de l’invasion barbare, d’autres avec Charlemagne, d’autres avec l’arrivée des Danois et des Normands en Angleterre, d’autres, et c’est l’opinion la plus commune, avec les croisades, la première bien entendu. Quelques-uns en attribuent l’invention à Frédéric Barberousse, et il en est enfin qui voient dans les factions des Guelfes et des Gibelins la source et l’origine des armoiries.

Le P. Ménestrier, qui a écrit un volume intéressant sur les origines des armoiries, a fort bien montré la fausseté de toutes ces opinions diverses, du moins en ce qu’elles ont d’absolu; il a fort bien vu qu’on ne saurait conclure de tant de passages et d’autorités de toutes les époques autre chose sinon que, de temps immémorial, les guerriers ont employé, pour se distinguer dans les armées, des figures et des marques symboliques peintes sur les boucliers, les enseignes et les drapeaux. Mais tout cela, ajoute-t-il avec raison, ne prouve nullement que, dans ces époques reculées, ces marques symboliques aient jamais été des marques héréditaires de noblesse, ni composées de figures et de couleurs réglées et déterminées comme le blason. Il a tort bien vu que les exemples tirés des poëtes ne prouvent absolument rien pour les temps où ils placent la scène de leurs poëmes, parce qu’ils donnent toujours aux faits qu’ils racontent et aux personnages qu’ils font agir, la couleur du temps où ils vivent eux-mêmes, et souvent les rajeunissent ainsi de plusieurs siècles. II renverse tous ces vains systèmes, et comme il ne rencontre avant le Xe siècle, ni sur les sceaux, ni sur les tombeaux, ni sur les monnaies, de véritables armoiries; comme, d’un autre côté, il en voit l’origine dans les tournois, dont il fixe l’établissement vers ce temps-là, il arrive à cette conclusion, que les armoiries remontent au Xe siècle, et il apporte de son opinion une foule de preuves. Nous allons discuter les principales, sans oublier celles qu’on y a ajoutées depuis. A nos yeux, en effet, l’usage des armoiries, prenant ce mot dans le sens même où l’emploie le P. Ménestrier, n’est point aussi ancien qu’il le prétend, et l’on doit descendre jusqu’au commencement du XIIIe siècle pour le trouver un peu généralement établi.

Les preuves qu’on apporte de l’existence des armoiries au XIe siècle, avant même l’époque des croisades, prouvent trop ou trop peu; si en effet on les admettait comme bonnes, nous ne verrions pas pourquoi on rejetterait une foule d’exemples de même nature et d’égale valeur qui se rencontrent dans les siècles antérieurs. Ces preuves, très-peu nombreuses, et c’est là leur premier défaut, peuvent se diviser en deux espèces: preuves figurées ou tirées des monuments, et preuves fournies par les écrivains. Voyons d’abord les preuves tirées des monuments, comme étant, à coup sûr, les plus concluantes et les plus décisives.

Le plus ancien exemple cité par les partisans de l’antiquité des armoiries, est pris du tombeau du jeune Robert, fils de Richard Ier, duc de Normandie, et mort en 996, sur lequel ils voient un lion en champ de gueules. Par malheur, ce n’est point là une armoirie dans le sens qu’on est convenu d’attacher à ce mot, mais bien un emblème personnel, comme on en rencontre un si grand nombre dans toute l’antiquité. Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter les yeux sur la figure de ce tombeau, reproduit dans le IIIe volume des Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, de voir ce lion placé sur la pierre tumulaire, au milieu même de l’inscription qu’il coupe en deux parties, et surtout de lire à l’entour, formant un cercle, ces paroles mêmes de l’Ecriture: Ecce vicit leo de tribu Juda, radix David. Ces paroles prouvent jusqu’à l’évidence que ce n’est qu’un emblème, et quant au champ de gueules, il fallait être bien aveuglé par l’esprit de système, bien déterminé à trouver des preuves à tout prix, pour voir dans les lignes perpendiculaires qui chargent cette pierre du Xe siècle les hachures qu’on est, il est vrai, convenu d’employer dans la gravure pour représenter les gueules, mais seulement aux premières années du XVIIe siècle, environ six cents ans plus tard; six cents ans pendant lesquels on ne rencontre pas un seul monument qui porte trace de cet usage purement conventionnel. D’ailleurs quelles seraient ces armes? La Normandie ne portait pas un lion ni même un léopard, mais bien deux léopards. Ce lion ne fut donc point dès lors héréditaire, non plus que le lion représenté sur le revers du sceau de Robert le Frison, comte de Flandre, et qui remonte à 1073. Le lion, devint, il est vrai, plus tard, les armoiries héréditaires du comté de Flandre; mais comme un long intervalle s’écoule avant qu’on ne le retrouve sur les sceaux des comtes, comme il faut pour cela descendre un siècle entier, jusqu’en 1163, on ne saurait voir une preuve de l’hérédité des armoiries dans ce qui justement montre le contraire, et l’on ne doit y reconnaître qu’un emblème de force et de courage.

La croix de Toulouse, à cause de sa forme toute particulière, à cause surtout de sa transmission constante sur les sceaux des comtes de Toulouse, est, nous en con venons, une preuve qu’au XIe siècle les armoiries étaient héréditaires dans la famille de Toulouse, mais dans cette famille-là seulement, et d’un exemple unique, peut-être, on ne saurait déduire une règle générale. Nous n’avons jamais pensé, comme les écrivains que nous combattons, que les armoiries fussent devenues héréditaires en quelque sorte tout d’un coup, mais au contraire qu’elles ne le devinrent que successivement, plus tôt dans une famille, plus tard dans une autre. Raymond de Saint-Gilles, ayant déjà avant la première croisade une croix pour emblème ou symbole de sa foi, la porta naturellement à cette expédition fameuse, et ses successeurs la conservèrent comme un souvenir de la gloire et de la piété de leur aïeul. Quant à la forme de cette croix qu’on désigne en blason par les épithètes vidée, cléchée et pommettée, elle paraîtra moins étrange si l’on se rappelle Sue Du Cange la dit semblable à la croix que Constantin éleva dans Constantinople en mémoire de celle qu’il avait vue au ciel lors qu’il combattit Maxence.

La quatrième preuve, alléguée en faveur de l’hérédité des armoiries, va nous fournir l’occasion de montrer que, bien loin que cette hérédité fût établie à la fin du XIe siècle, l’usage même des armoiries personnelles, des symboles et des emblèmes ne l’était pas encore généralement. Qu’on examine en effet les nombreuses figures qui chargent la tapisserie de Bayeux, qu’on parcoure cette longue suite de guerriers, en costume de combat ou de cérémonie, qu’on s’attache surtout à ceux en très-grand nombre qui portent des boucliers, et l’on verra que les figures qui chargent non pas tous, mais une partie de ces boucliers, sont en général si simples, qu’on pourrait facilement les prendre pour des têtes de clous, attachant et renforçant la doublure du bouclier. On remarque, il est vrai, sur deux d’entre eux des espèces de feuillages, et quelques autres portent des croix et des monstres; mais rien ne montre que ces rares figures fussent héréditaires, et elles seraient aussi nombreuses qu’elles le sont peu, quelles ne prouveraient pas davantage. II est d’ailleurs un autre monument, du milieu du XIIe siècle, par conséquent de plusieurs années postérieur à la tapisserie de Bayeux exécutée vers 1100, et dont se sont bien gardés de parler les défenseurs de l’antiquité des armoiries: ce sont les vitraux placés par ordre de Suger autour du chevet de Saint-Denis. Ils représentaient la première croisade, et, chargés de guerriers portant leurs boucliers, ils offraient encore beaucoup moins de figures héraldiques que la tapisserie de Bayeux. Ces vitraux n’existent plus. Ils ont été détruits à la révolution, mais le P. Montfaucon les avait reproduits dans ses Monuments de la monarchie française, et l’on peut s’y convaincre de ce que nous avançons. Ces figures sont très-simples et très-uniformes, partant en général du centre de l’écu, sur lequel elles semblent rayonner, et l’on ne reconnaît parmi elles presque aucune des représentations consacrées plus tard dans le blason, ni pal, ni bande, ni fasce, ni sautoir, ni aucun des animaux ou des oiseaux héraldiques. Si, dès la première croisade, leur usage avait été aussi général et aussi répandu qu’on le prétend, comment expliquer leur absence presque complète dans cette longue suite de sujets guerriers?

Nous ne parlerons pas du tombeau d’Hélie, comte du Maine, mort en 1109, et qu’on voyait dans l’église de la Coûture du Mans, tenant un bouclier orné d’une croix fleurdelisée. Rien, en effet, ne sert à établir l’âge de ce monument, que Montfaucon lui-même regarde comme de beaucoup postérieur à la mort du comte. Telle est la valeur des preuves fournies par les monuments. Les textes offrent encore moins d’autorité, ils sont également très-peu nombreux, et tous, un seul excepté, des allégations d’écrivains du XVIIe siècle, ne s’appuyant sur aucune, autorité contemporaine des faits avancés et n’ayant pour garants que des traditions de familles. Ainsi les Bénédictins diront bien (Gall. Chr., tom. V, col. 1036) que Regimbold, prévôt de l’abbaye de Mouri de 1027 à 1056, avait des armes paternelles et qu’on les voyait dans l’église de Mouri: « Gentilitia ipsius insignia… in area caerulea mortarium flavum exhibent. »

Mais ils ne fourniront aucune preuve de ce qu’ils avancent, sans y attacher grande importance du reste. Ils diront encore (Ibid., tom. VII, col. 595), qu’un sire de Goulaine ayant, en 1091, réconcilié les rois Guillaume le Roux, d’Angleterre, et Philippe Ier, de France, par reconnaissance, ces deux princes lui donnèrent leurs propres armoiries, qu’il porta dès lors écartelées; mais ils n’appuieront ce fait, bien extraordinaire en un temps où, d’après les Bénédictins eux-mêmes, les deux rois n’avaient pas encore d’armoiries fixes, que sur deux vers d’Abailard, qui semblent à peine faire allusion à l’événement, et qu’eux-mêmes regardent comme douteux. Assurément ce sont là de ces fables dont on se plaisait, dans les derniers siècles, à entourer l’origine des grandes familles.

Le seul texte à peu près contemporain est tiré du moine de Marmoutiers. Cet historien, décrivant les cérémonies qui accompagnèrent la réception dans l’ordre de chevalerie du jeune Geoffroy, comte d’Anjou, père de Henri Plantagenet, qui fut roi d’Angleterre sous le nom de Henri II, parle, en effet de son bouclier chargé de lionceaux, et il dit: CIvpeus, leunculos aureos imaginarios habens, collo ejus suspenditur.

Voilà bien les lions ou, si l’on veut, les léopards d’Angleterre; mais rien, dans ce passage ni dans tout ce qui précède ou suit, n’indique que ces armoiries fussent alors héréditaires; elles le devinrent, il est vrai, mais plus tard, et un assez long espace de temps s’écoule entre cette première apparition et le moment où l’on peut suivre avec quelque certitude leur transmission régulière. Il faut, en effet, descendre pour cela jusqu’à Richard Cœur de Lion. D’ailleurs, et nous ne saurions trop le répéter, parce que rien n’est plus vrai et rien ne semble avoir été plus méconnu, quelques faits rares et isolés, quand même ils seraient aussi bien établis qu’ils le sont mal, ne prouveraient nullement que les armoiries fussent généralement héréditaires -au XIe ni même au XIIe siècle. A cette dernière époque, toutefois, les tendances à l’hérédité, encore bien rares dans le précédent, vont se multipliant de plus en plus, et au XIIIe siècle elles sont assez générales, les faits sont assez nombreux, pour qu’on puisse déclarer que les armoiries sont devenues héréditaires. Mais jusque- là cette hérédité, qu’avec tous les écrivains nous reconnaissons être le caractère particulier des armoiries, celui-là seul qui les distingue des symboles et des emblèmes personnels usités de tout temps, cette hérédité ne sera que l’exception et non la règle.

Au XIIIe siècle même, cette règle ne sera pas tellement établie et rigoureuse, qu’on n’y puisse rencontrer de nombreuses infractions qui, toujours décroissantes, subsistent ce pendant jusqu’à la fin du siècle et même au delà, ainsi qu’on en lit plusieurs exemples dans la Diplomatique des Bénédictins, t. IV; ils citent, à la page 389, plusieurs exemples de variations survenues dans les armoiries- d’un même personnage; et un peu plus loin, ils donnent un extrait du second Cartulaire de Champagne appelé Liber Rubeus. C’est une charte de 1258, de Henri, fils de Thibaut, roi de Navarre et comte de Champagne, dans laquelle ce prince déclare qu’il s’est servi du sceau de – son père, parce que, n’étant pas encore chevalier ou majeur, il n’avait pas de sceau qui lui fût propre. Que s’il arrive, ajoute-t-il, que je change de sceau, soit en recevant l’ordre de chevalerie, soit en faisant l’acquisition de quelque nouveau domaine, cum si postea, vel in nova militia, vel in requirendo dominio, sigillum mutare contingat, je promets d’apposer à la présente charte le sceau que j’aurai alors. Ce passage, dirons-nous avec D. Calmet ( Hist. de la maison Duchâtelet; p. XXII de la Préface), démontre clairement combien les changements d’armoiries étaient fréquents, même dans les maisons souveraines, jusque vers la fin du XIIIe siècle, puisque la nouvelle chevalerie et l’acquisition de quelques domaines considérables étaient des motifs ordinaires et suffisants pour en changer.

C’est donc pendant le règne de saint Louis que les armoiries sont définitivement entrées dans une voie nouvelle, celle de l’hérédité; alors seulement la révolution s’est opérée, et un ordre de choses a été substitué à un autre ordre de choses; auparavant la révolution se prépare, ensuite elle se continue et se régularise. En dire le jour, l’heure et l’occasion précise, comme ont voulu le faire nos devanciers, nous semble tout à fait impossible;

Ce changement se réalisa comme tous les changements qui s’annoncent long temps à l’avance se glissent peu à peu dans les faits, d’abord par de rares et timides manifestations, avec le temps plus nombreuses et plus hardies, et finissent par tout envahir et tout soumettre à leur nouvel empire. Nous nous garderons bien surtout de chercher l’origine et la cause de cette révolution dans un fait unique, comme les tournois, les croisades, l’hérédité des fiefs ou celle des noms; nous les acceptons tous, et tous réunis suffisent à peine pour nous expliquer comment les emblèmes et les symboles, employés par les guerriers sur leurs boucliers, leurs casques et leurs cottes d’armes, durant toute l’antiquité, après être demeurés plus de deux mille ans à l’état d’emblèmes personnels, sont, justement à une certaine époque et dans un espace de temps qui ne dépasse pas deux siècles, devenus héréditaires.

Ou s’explique mal comment l’esprit humain a pu rester plus de vingt siècles, pour ainsi dire, sur le seuil d’une révolution, sans le franchir tout à fait, et l’on trouverait, je crois, peu d’exemples d’un changement préparé avec tant de lenteur et d’hésitation et si subitement réalisé. Ce fait, assurément, méritait plus d’attention qu’on n’a cru devoir lui en accorder, surtout lorsqu’on trouve dans l’antiquité des exemples, rares, il est vrai, mais positifs, de la transmission héréditaire des emblèmes guerriers.

Dans Ovide, Egée reconnaît son fils Thésée en voyant les marques de sa race sur le pommeau de son épée:

Cum pater in capulo gladii cognovit eburro
Signa sui generis. Metam. 7.

Au dixième livre de l’Enéide, Virgile dit de Cupavus

Paucis comitate Cupavo,
Cujus olorinae surgunt de vertice pennae:
Crimen amor restrum, formaeque insigne palernae.

Un des Corvius, dans Silius Italicus (Liv. V), a le corbeau de ses ancêtres pour cimier:

Corvinus Phœbeti sedet cui rasside fulva,
Ostentans aies proavilœ insignia pugnai.

Ces citations ne prouvent rien pour les faits particuliers qu’elles expriment, ni sur tout pour le temps où les poëtes placent, leurs personnages; mais elles prouvent suffisamment qu’au siècle où écrivaient ces poëtes, la transmission héréditaire des symboles et des emblèmes n’était point tout à fait inusitée.

Ces exemples particuliers, et quelques autres qu’on pourrait réunir encore, généralisés par certains écrivains, les ont conduits à reculer jusqu’à l’époque romaine l’établissement de l’hérédité des armoiries; ils n’ont pas pris garde qu’un très-petit nombre de faits isolés ne prouvent rien pour l’ensemble, et que sur tant d’arcs de triomphe, de tombeaux, de temples, de bas-reliefs et de monuments de toute sorte qui nous restent des Romains, on ne voit aucun vestige d’armoiries personnelles: preuve certaine que l’usage même de ces dernières était alors fort restreint, et surtout n’avait rien du ca caractère qu’elles acquirent par la suite. Les quelques figures qu’on rencontre sur deux “ou trois boucliers de la colonne Trajane et de celle d’Antonin sont plutôt îles marques do légion, comme on le voit dans la Notice de l’Empire, que des symboles personnels.

L’origine des armoiries est donc à la fois plus multiple et plus reculée qu’on ne l’a dit, et voir, avec le P. Ménestrier, cette origine dans les tournois, c’est assurément la chercher dans ce qui ne fut qu’une cause d’organisation régulière et définitive. Pour reconnaître et distinguer les personnages dans ces jeux guerriers, il n’était pas besoin d’armoiries héréditaires, de simples emblèmes personnels suffisaient parfaitement; et le P. Ménestrier a été trompé par l’esprit de système, lorsqu’il a voulu prouver l’antiquité des armoiries par l’antiquité des tournois, et reculer ainsi le blason jusqu’au Xe siècle, parce qu’il rencontrait dès ce temps-là des exemples de tournois. Nous pensons qu’il en est des tournois comme des armoiries, qu’on ne saurait assigner au juste l’heure et le moment où ils se sont définitivement établis, que de tout temps à peu près les peuples belliqueux se sont exercés dans des jeux, images de la guerre et des combats, et que les tournois sont devenus ce qu’on les voit être au moyen Age, progressivement et sous l’influence de mœurs et d’idées qui, elles-mêmes, se sont établies bien lentement dans le monde. Mais leur avènement spontané fût-il vrai, qu’on ne pourrait y trouver l’origine des armoiries.

Les preuves que’ le P. Ménestrier apporte de cette opinion sont bien faibles et presque puériles. Dire avec lui, et comme on l’a tant reflété depuis, que les pals, les chevrons, les sautoirs, les pairies, les jumelles, les tierces, les frettes, les pièces bretessées sont des pièces des lices et barrières où se faisaient les tournois, et que par là elles sont entrées dans le blason; ajouter que les bandes et les fasces sont des écharpes qu’on y portait, et que les dames donnaient souvent aux chevaliers, c’est chercher dans les tournois seulement ce qui se trouvait partout, et vouloir donner un sens particulier et restreint à ce qui en avait un bien plus général, à ce qui souvent même n’en avait pas du tout. Les émaux, qu’il tire également des tournois, sont les mêmes qu’on employait dans les jeux du Cirque, les mêmes qu’on Voyait sur les boucliers des légions impériales, et ils peuvent aussi bien et même mieux être venus sur les écus de là que des tournois. Ce sont, d’ailleurs, les couleurs les plus généralement répandues dans la nature, ce sont même les seules vraies couleurs, et il n’est pas surprenant qu’on les ait choisies. Quant aux timbres, lambrequins, bourlets, tortils, supports et autres pièces accessoires, il est assez probable qu’elles ont pris leur origine dans les tournois, mais elles no paraissent que plusieurs siècles après le dixième, et seulement lorsque le blason et les tournois s’étaient développés et singularisés, et leur communauté d’existence avec les armoiries, à une époque déjà éloignée de la naissance de ces dernières, ne prouve nullement leur communauté d’origine.

Comme, un système une fois imaginé, on ne saurait s’arrêter en chemin, le P. Ménestrier, après avoir vu dans les tournois l’origine des couleurs, de toutes les pièces et de tous les ornements usités dans le blason, en tire encore l’étymologie du mot blason, qu’il fait venir de l’allemand blasen, et cela de la façon suivante:

«Blasen, dit-il (p. 67 de ses Origines des armoiries), est un mot allemand qui signifie sonner du cor; et si l’on a donné en nom à la description des armoiries, c’est qu’anciennement ceux qui se présentoient aux lices pour le tournoy sonnoient du cor quand ils approchoient, pour faire savoir leur venue. Les hérauts, après avoir reconnu s’ils étoient gentilshommes, sonnoient de leur trompe pour avertir les maréchaux et leurs aydes, et puis ils blasonnoient leurs armoiries. » et pour prouver que les choses se passaient ainsi au Xe siècle, le P. Menestrier cite un passage du tournoi de Ghauvency, qui est de 1285.

L’absurdité d’une pareille étymologie saute aux yeux tout d’abord, et lorsqu’on songe que le P. Ménestrier prouve tour à tour son système par son étymologie, et son étymologie par son système, on peut juger du degré de confiance qu’ils méritent l’un et l’autre. Pour quoi aller chercher dans la langue allemande une étymologie que nous fournit bien plus naturellement cette latinité inférieure et des bas temps, véritable fonds de la langue française ? Le Polyplique de l’abbé Irminon nous offre le mot blasus répété en divers endroits: et, dans le Glossaire particulier dont M. Guérard a enrichi cette publication, l’un des plus beaux monuments de l’érudition française au XIXe siècle, le savant éditeur dit que blasus signifiait une arme de guerre. Comme, bien certainement, les figures héraldiques ont toujours été représentées de préférence sur les armes, on en sera venu à désigner l’ensemble de ces figures par le mot blaso, tiré de blasus, absolument comme aujourd’hui encore nous nous servons, dans le même sens, des termes armes et armoiries, et cela, parla même figure de langage bien fréquente chez tous les peuples. M. Guérard, il est vrai, incline à penser que le mot blasus signifiait une arme offensive, et non une arme défensive, comme un casque ou un bouclier; mais si l’on considère que blath, racine probable de blasus, dans les langues germaniques, veut dire une feuille de métal, et qu’on a bien pu appeler ainsi la couverture de l’écu ordinairement en métal, il sera permis de croire que blasus désignait une arme d’une ou d’autre espèce. Nous ne prétendons pas cependant qu’on ne puisse donner du mot blason une étymologie plus satisfaisante encore, nous avons voulu seulement mettre une solution nouvelle en présence de celle avancée, croyons-nous, sans aucune raison plausible, par le P. Ménestrier, et trop légèrement adoptée depuis près de deux siècles.

Si le P. Ménestrier nous semble s’être trompé, en cherchant l’origine des armoiries dans les tournois, nous ne contestons point pour cela l’influence de ces mêmes tournois sur leur développement et leur organisation régulière; mais nous attribuons aux croisades une bien autre importance dans la révolution qui fit passer les armoiries de l’état d’emblèmes personnels à celui d’emblèmes héréditaires, transmissibles dans une même famille.

Ces immenses expéditions, où l’Europe se trouvait réunie s’élançant presque tout entière vers l’Asie, dans un désordre et dans un pôle-môle tumultueux dont rien aujourd’hui ne saurait donner une idée, durent nécessairement beaucoup multiplier l’usage des emblèmes personnels; chaque chef fut obligé de porter certaines marques distinctives qui pussent le faire reconnaître des siens dans la marche comme dans les combats. Et ici nous avons plus que des conjectures, nous avons des textes positifs. Albert d’Aix, chroniqueur contemporain de la première croisade et qui en a écrit l’histoire, dit (lib. m, cap. 35): Boemundus, Godefredus, Reymundus actes et signa bellica diversi coloris pulcherfïma moderantur; voila pour les étendards de diverses couleurs; et, plus loin, au chapitre 36 du même livre, voici pour les boucliers: Ad ipsos muros horribiles Antiochiae, unanimiter in splendare clypeorum coloris aurei, viridis, rubei, cujusque generis et insignis erectis auro distinctis.

Le chroniqueur, comme on voit, ne parle que de boucliers de diverses couleurs et nullement de figures; c’est que sans doute les figures étaient encore rares à celle première croisade, et elles ne devinrent fréquentes que dans celles qui suivirent, et nous voyons encore ici une preuve que les marques personnelles n’étaient point générale ment usitées au XIe siècle, et que les plus hauts seigneurs seuls en portaient. De retour dans leur patrie, ils conservaient religieusement pendant toute leur vie ces marques de leur gloire et de leur pieux enthousiasme.

Les croisades, sont au moyen âge un fait si immense, leur retentissement fut si grand, elles s’emparèrent à tel point des esprits et des cœurs, toutes les gloires, toutes les illustrations, tous les souvenirs presque vinrent tellement se fondre et se résumer en elles, que les fils des croisés, jaloux de perpétuer dans leur famille le souvenir de l’illustration paternelle, conservèrent avec un pieux respect l’emblème qui avait flotté avec les bannières autour du Saint-Sépulcre. Ainsi se trouve expliquée cette multitude de croix qui chargent tant de blasons; non pas cependant qu’on doive chercher dans les croisades l’origine de toutes les pièces des armoiries, comme l’ont fait quelques écrivains: ces origines furent très-diverses, et il faut, pensons-nous, les voir un peu partout, dans les mœurs, dans les usages comme dans les idées et même les caprices du temps où le blason se fixa et se généralisa tout à la fois. Beaucoup de ces figures, et même celles qu’on appelle propre ment héraldiques, se trouvent sur les boucliers et les étendards des légions romaines décrits dans la Notice de l’empire; il n’est donc point surprenant qu’elles se soient conservées sur les boucliers des soldats du moyen âge. Tout concourut à augmenter le catalogue des ligures héraldiques, et il faut citer ici le P. Ménestrier, disant, dans un ordre un peu confus, page 135 de ses Origines: « Les grands événements et les belles actions, la conformité avec le nom, les singularitez de certains pays, les inclinations à certaines choses, les emplois, les fonctions, les dignitez, la dévotion, la nature des fiefs que la noblesse a possedez, la conformité avec les armoiries du prince, les tournois, les pèlerinages, les habits, les devises, les factions, la chasse, la pesche, les bâtiments, les croisades, l’origine, les concessions des princes, les vestiges de l’antiquité, les sobriquets, les inventions nouvelles, la disposition des terres et des fiefs, leur situation et pareilles autres choses, sont les causes principales de cette diversité si bizarre des figures que nous voyons dans les armoiries. »

II serait curieux de rechercher avec détail quelle a été l’influence de chacune de ces causes et d’autres encore, qu’on entrevoit. C’est là un travail intéressant et difficile, dans lequel le P. Menestrier ne nous semble pas avoir toujours réussi, comme on peut en juger par ce qui précède, et que l’absence de documents suffisants nous force à remettre à un temps plus éloigné quoiqu’assez prochain; pour le moment, nous nous contenterons d’exposer très-succinctement les principes du blason, afin de mettre le lecteur en état de saisir sans peine les détails beaucoup plus étendus qu’il rencontrera dans le corps du Dictionnaire.

Trois choses sont à considérer dans les armoiries: les émaux, l’écu ou champ, et les figures.

Les émaux comprennent:

  1. les métaux, qui sont: or ou jaune et argent ou blanc;
  2. les couleurs, qui sont: gueules ou rouge, azur ou bleu, sinople ou vert, pourpre ou violet, sable ou noir;
  3. les fourrures ou panne», qui sont hermine et vair, auxquelles on peut ajouter la contre-hermine et le contre – vair.

Dans la gravure on est convenu de représenter l’or par des points, l’argent par un fond uni et sans aucun trait; le gueules par des traits perpendiculaires de haut en bas; l’azur par des lignes horizontales d’un flanc de l’écu à l’autre; le sinople par des lignes diagonales allant de droite à gauche; le pourpre, aussi par des lignes diagonales mais de gauche à droite; enfin le sable par des lignes croisées.

L’hermine et la contre-hermine, le vair et le contre-vair se marquent par des traits propres aux émaux de ces fourrures. Le fond de l’hermine est d’argent avec des mouchetures de sable, et le vair est d’argent et d’azur.

L’écu s’appelle fond ou champ, il est simple ou composé. Le premier n’a qu’un seul émail sans divisions; le second, au contraire, peut avoir plusieurs émaux et par conséquent plusieurs divisions ou partitions. On compte quatre partitions principales dont se forment toutes les autres. Le parti, qui se fait par un trait perpendiculaire du haut en bas et qui partage l’écu en deux parties égales; le coupé, par un trait horizontal; le tranché, par un trait diagonal de droite à gauche; le taillé, par un trait diagonal de gauche à droite.

Le parti et le coupé forment l’écartelé, qui est quelquefois de quatre, de six, de huit, de dix, de douze et de seize quartiers et plus. Le tranché et le taillé donnent l’écartelé en sautoir. Enfin les quatre partitions primitives réunies donnent le gironné.

Comme les figures peuvent recevoir différentes positions dans l’écu, il est nécessaire, pour designer avec exactitude ces positions, de bien connaître les noms qu’on est con venu de donner aux différentes parties de l’écu. La figure suivante va nous servir à rendre nos explications plus claires et plus sensibles:

A est le centre de l’écu; B est le point du chef; D le canton dextre du chef; E le canton sénestre du chef; F le flanc dextre; G le flanc sénestre; C la pointe; H le canton dextre de la pointe; I le canton sénestre.

Une figure seule occupe ordinairement le centre de l’écu A; alors, on n’exprime pas sa situation. Une figure placée au point B est dite simplement en chef; au point D elle est au canton dextre du chef; au point F elle est au flanc dextre de l’écu et ainsi des autres. Deux, trois ou plusieurs figures disposées dans le sens des lettres D B E sont dites rangées en chef; si elles sont comme F A G, elles sont en fasce; dans l’ordre des lettres H C I, elles sont rangées en pointe; disposées comme BAC, elles sont en pal; comme D A I, en bande, comme E A H, en barre.

Si trois figures gardent l’ordre des lettres D E C, elles sont dites deux et une, et c’est la situation ordinaire de trois pièces en armoiries; si elles étaient disposées comme les lettres H I B, elles seraient désignées par l’expression mal-ordonnées. Les pièces arrangées comme les lettres D E H I se disent posées deux et deux; cinq figures pincées dans l’ordre B A C F G sont en croix; comme D E A H I, elles sont en sautoir; comme D E A C, elles sont en pairle; enfin, les pièces qui suivraient l’arrangement des lettres D B E G I C H F seraient disposées en orle.

Une figure placée en A au milieu de plusieurs autres différentes par leur forme, serait en abime ou au centre de l’écu. Pour blasonner une armoirie lorsque le champ n’est chargé d’aucune figure, on doit dire: N porte d’argent plein ou de gueules plein, etc.

Quant aux fourrures, on dit simplement: N porte d’hermine ou de vair.

L’écu chargé de figures est simple, c’est- à-dire, sans partitions, ou composé. Si l’écu est simple, il faut commencer par le champ, puis on vient aux figures principales, excepté le chef et la bordure, ajoutant si ces figures sont chargées ou accompagnées d’autres qui soient moindres. Il faut en exprimer le nombre, la situation, les émaux; puis on vient au chef et à la bordure, qu’on n’énonce qu’en dernier, parce qu’ils ne font point véritablement partie du champ. Si cependant la pièce principale prenait sur le chef ou la bordure, ils feraient dans ce cas partie du champ, et il faudrait désigner ces parties avant la pièce principale. Ainsi l’on dira: Vendôme ancien, portait d’argent au chef de gueules à un lion d’azur, armé, lampassé et couronné d’or, brochant sur le tout.

Si l’écu est composé, l’on commence par les divisions, dont on énonce d’abord le nombre, disant, s’il s’en trouve plus de quatre: parti de tant, coupé de tant, ce qui donne tant de quartiers. Par exemple:

  • Fig. 1. Parti d’un, coupé de deux, ce qui donne six quartiers; au premier de… au second de… au troisième de…
  • Fig. 2. Parti de trois coupé d’un, ce qui donne huit quartiers; au premier de… au second de…
  • Fig. 3. Parti de deux coupé de trois, ce qui donne douze quartiers; au premier de… au second de…

Les figures ou pièces ordinaires du blason sont de trois sortes:

  1. Les figures héraldiques ou propres;
  2. les figures naturelles;
  3. les figures artificielles.

Les figures héraldiques se sous-divisent en pièces honorables ou du premier ordre, et en pièces moins honorables ou du second ordre. Les pièces honorables occupent d’ordinaire par leur largeur, lorsqu’elles sont seules, le tiers de l’écu, à l’exception du franc-quartier, du canton et du giron, qui n’en occupent que la quatrième partie. Ces pièces sont, le chef, la fasce, la champagne, le pal, la bande, la barre, la croix, le sautoir, le chevron, le franc-quartier, le canton, la pointe ou la pile, le giron, le pairle, la bordure, l’orle, le trescheur, l’écu en abime et le gousset.

Les pièces moins honorables ou du second ordre sont: l’emmanché, les points équipolés, l’échiquier ou l’échiqueté, les frettes ou le fretté, les losanges et le losange, les fusées et le fuselé, les macles, les rustes, les besants, les tourteaux, les billettes. Voir ces différents termes dans le Dictionnaire.

Les figures naturelles usitées dans le blason, peuvent se ranger sous cinq classes différentes:

  1. Les figures humaines;
  2. les animaux;
  3. les plantes;
  4. les astres et les météores
  5. les éléments.

Quant aux figures artificielles, on peut les réduire aux suivantes:

  1. Les instruments de cérémonies sacrées ou profanes;
  2. les vêtements et ustensiles de ménage;
  3. les instruments de guerre, de chasse, de pèche et de navigation;
  4. les bâtiments, l’architecture civile et militaire et tout ce qui en dépend;
  5. les instruments des arts et métiers.

La plupart de ces pièces, et particulièrement les pièces honorables, sont susceptibles de recevoir divers attributs, dont nous allons, d’après le P. Ménestrier, donner la définition, sous forme de dictionnaire.