Boncourt:Grammaire du blason, Première partie – de l´écu [fr]

Anmerkung DE: Autor des nachstehenden Beitrag bin nicht ich, sondern E. Simon de Boncourt (1885)

Dans une armoirie, la partie la plus importante, c’est l’écu, puisque c’est lui qui par les figures qu’il contient, nous indique quel est son possesseur. Dans l’écu, il y a quatre choses à considérer:

  1. Le champ de l’écu, ou l’écu lui-même avec ses différentes formes;
  2. Les partitions ou divisions de l’écu;
  3. Les émaux ou couleurs de l’écu;
  4. Les figures, pièces ou meubles qui couvrent l’écu.


Chapitre premier formes de l’écu

L’écu ou écusson (scutum, bouclier), n’était primitivement autre chose que le bouclier, destiné à garantir le guerrier des coups de l’ennemi.

Il servit plus tard à représenter par la peinture et la sculpture, les belles actions dont pouvait s’honorer son possesseur.

C’est ainsi que le bouclier devint une page d’histoire, pour ainsi dire un brevet d’honneur que le titulaire portait toujours avec lui. Puis, lorsque le champ de l’écu ne suffit plus pour enregistrer tous les hauts faits d’un brave, il fallut avoir recours aux emblèmes, langage dont chaque terme est un récit.

L’écu d’armoiries est donc le champ qui représente le bouclier, la cotte d’armes, ou la bannière, sur lesquels étaient brodées ou peintes les figures allégoriques.

Les lois d’armes ne prescrivent aucune forme à l’écu en général. Mais l’usage leur a donné chez les différents peuples des formes diverses que nous allons faire connaître.

L’écu dont nous nous servons est nommé écu français. C’est un carré arrondi aux deux angles inférieurs et terminé en pointe au milieu de la base. (Fig.1)


L’écu ancien était triangulaire et on le posait incliné sur le côté; c’est ainsi qu’il est figuré sur d’anciens sceaux, et c’est de cette manière qu’on le suspendait dans les tournois. (Fig.2.)


L’écu en bannière était de forme carrée, et en usage parmi les seigneurs qui avaient le droit de bannière à l’armée, et notamment parmi les bannerets de Guienne, de Poitou et de Bretagne. (Fig.3.)

Les filles ou femmes portent l’écu en losange. (Fig.4.)

Les Espagnols portent l’écu français arrondi par le bas. (Fig.5.)



Les Italiens se servent de l’ovale (Fig.6.), en souvenir, dit-on, des anciles, que la tradition dit avoir affecté cette forme. Les Russes ont pris aussi la forme ovale.

Le blason des Allemands était en général très riche et très compliqué. Leur écu était de forme variée, mais reconnaissable à l’échancrure, le plus souvent à dextre, qui servait à supporter la lance du chevalier. (Fig.7.)


Les Anglais ont adopté l’écu français, mais ils le modifient en l’évasant à la partie supérieure. (Fig.8.)

L’écu royal anglais est très souvent rond, depuis Édouard III qui institua l’ordre de la Jarretière.

Mentionnons aussi la forme de l’écu français au plus beau temps de l’art féodal. Elle ne diffère guère de celle de l’écu ancien: mais elle se distingue, entre toutes, par sa grâce et sa commodité. (Fig.9.)


Enfin, on a donné parfois à l’écu, par des découpures faites à ses bords, diverses formes de fantaisie. (Fig.10 et 11.)



Chapitre II des partitions ou divisions de l’écu

Les partitions de l’écu sont les divisions résultant des lignes au moyen desquelles on partage le champ en plusieurs sections.

Ces partitions sont au nombre de quatre, savoir:

  1. le parti,
  2. le coupé,
  3. le tranché,
  4. le taillé.

Le PARTI est formé par une ligne perpendiculaire qui divise l’écu en deux parties égales, dextre et senestre1 (Fig.12.)

Le COUPÉ partage aussi l’écu en deux parties égales, mais par une ligne horizontale. (Fig.13.)


Le TRANCHÉ divise l’écu en deux parties par une diagonale tirée de dextre à sénestre. (Fig.14.)

Le TAILLÉ est formé par une diagonale de sénestre à dextre. (Fig.15.)


La réunion, la combinaison de ces quatre partitions forment les autres divisions de l’écu, nommées répartitions.

Ces répartitions sont:

  1. l’écartelé,
  2. l’écartelé en sautoir,
  3. le tiercé
  4. et le gironné.

L’ECARTELE est formé par le parti et par le coupé. (Fig.16.)

L’ECARTELE est dit EN SAUTOIR quand il est formé par les diagonales du taillé et du tranché. (Fig.17.)


Le tiercé se forme du parti, ou du coupé, ou du taillé, ou du tranché, répété deux fois. (Fig.18. et 19.).


Le GIRONNE est le résultat des quatre partitions principales (parti, coupé, tranché et taillé) placées ensemble dans le même écu. (Fig.2o.)

De ces quatre répartitions, l’écartelé est le plus important, et le plus fréquemment employé:

  1. Parce que chaque division de l’écartelé peut encore se subdiviser elle-même au moyen des répartitions ci-dessus. Ainsi, figure 21, où on devra dire en blasonnant:

    « Écartelé: aux un et quatre contre-écartelé, aux deux et trois contre-écartelé en sautoir. »

  2. Parce que l’écartelé sert à former un grand nombre pair de quartiers. Il est facile de comprendre qu’un écu parti d’une ou plusieurs perpendiculaires, peut être coupé d’une ou plusieurs horizontales, et former ainsi, par progression, quatre, six, huit, dix, douze quartiers et plus.


Ainsi l’écu:

Ce dernier nombre est généralement le plus grand dont les héraldistes se servent. Cependant on rencontre quelques exemples d’écartelures plus nombreuses.

Les quartiers servent à distinguer les alliances des familles: alors on met au centre (en termes héraldiques en coeur ou en abyme sur la croisure, l’écusson de la famille principale, que l’on dit être sur le tout. (Fig.29.)

Ce dernier peut être lui-même écartelé et chargé d’un troisième écusson, que l’on dit sur le tout du tout. (Fig.29 bis.)

Les quartiers se comptent en commençant à dextre par la bande du haut, et en continuant de même, comme le montre la figure 25.

Position des figures sur l’écu.

Avant de nous occuper des couleurs et des figures qui ornent l’écu, il faut faire connaître les positions de ces figures, c’est-à-dire les diverses places que ces figures peuvent occuper sur le champ de l’écu.

Il y a neuf points ou places principales sur la surface de l’écu

Nous les avons marqués par des lettres, en suivant l’ordre alphabétique, selon l’importance des points. (Fig.3o.)


Pour comprendre la valeur et la signification de ces différents points, il faut comparer l’écu à un être animé et supposer qu’il représente un homme. De là:

Les points D, B, E, réunis sont appelés le chef de l’écu. Ils en occupent la partie supérieure et représentent la tête.

Le point B est le point du chef.

D est le canton dextre, E le canton sénestre de l’écu. Selon quelques auteurs, ces deux cantons représentent les bras.

Le point F est dit point d’honneur. Il représente le cou, auquel on suspend les colliers de chevalerie.

A est le centre de l’écu, désigné sous le nom de coeur ou abyme.

Le point G est le nombril de l’écu, C la pointe, H le canton dextre de la pointe, et I le canton sénestre de la pointe.

On peut ajouter à ces neuf points principaux deux autres points, dont l’un, en J, est appelé flanc dextre, et l’autre, en K, flanc sénestre de l’écu.

Quand il n’y a sur l’écu qu’une seule figure, elle en occupe ordinairement le centre ou abyme A.

Nous verrons plus loin les différentes manières de disposer les figures; mais il est facile, au moyen des points que nous venons de désigner, de déterminer toujours avec précision la place que les figures ou meubles occupent sur le champ de l’écu.


Chapitre III des émaux ou couleurs

En blason, on nomme émaux les différentes couleurs employées en armoiries. On les peignait autrefois en émail sur les boucliers, les vases, les meubles; d’où le nom leur est resté.

On divise les émaux en métaux, couleurs et fourrures. Il y a deux métaux, six couleurs et deux fourrures. On les représente par la peinture avec les nuances propres à chacun. Mais pour les représenter sans le secours de la peinture, on a adopté, en sculpture et en gravure, des signes de convention (traits ou points) dont les dispositions suppléent aux couleurs.

Les deux métaux employés comme couleurs en blason sont l’or et d’argent.

OR. On lui donne dans les armoiries peintes la couleur naturelle. En gravure, on le représente par de petits points. (Fig.31.)


ARGENT. On lui laisse sa couleur, c’est-à-dire blanc vif à reflets. En gravure, on le représente par un fond uni, sans traits ni hachures, sur a pièce où il doit se trouver. (Fig.32.)



Les six couleurs sont: le gueules, l’azur, le sinople, le sable, le pourpre et l’orangé.

GUEULES. C’est la couleur rouge. Les croisés ayant adopté en armoiries bien des expressions orientales, ce mot de « gueules» est dérivé de l’arabe ghiul, qui signifie «la rose» et en général tout ce qui est rouge, et non pas, comme quelques-uns l’ont pensé, de la gueule des animaux. (Fig.33.)

En gravure, on représente le gueules par des traits verticaux. ( Fig. 33 bis.)


AZUR. C’est le bleu céleste. Cette couleur bleue se désigne en gravure par des traits horizontaux, menés de l’un à l’autre côté de l’écu. (Fig.34.)



SINOPLE. Ce mot désigne la couleur verte. On la représente en gravure par des traits de dextre à sénestre. (Fig.35.)


SABLE. Ce terme sert à désigner la couleur noire. On l’indique à l’aide de hachures horizontales et verticales, c’est—à-dire par le gueules et l’azur combinés. (Fig.36.)



Ces quatre couleurs sont les plus usitées en blason. Cependant, on y ajoute encore le pourpre et l’orangé.

POURPRE ou violet. On le représente par des traits dirigés de sénestre à dextre, lé contraire du sinople. (Fig.37.)



ORANGÉ. Cette couleur est adoptée surtout par les Anglais. On la représente en gravure par des lignes verticales croisées de diagonales de sénestre à dextre, c’est-à-dire le gueules et le pourpre combinés. (Fig.38.)


Les fourrures comprises dans les émaux sont au nombre de deux: l’hermine et le vair.

HERMINE. L’hermine est la peau d’un petit animal dont la fourrure est entièrement blanche. Toujours on la parsème de petits lambeaux noirs de peau d’agneau de Lombardie, qui tranchent sur l’hermine et en font ressortir la blancheur. On peut définir l’hermine: un champ d’argent moucheté de sable. Voici comment on la représente: par un champ d’argent semé de petites croix de sable, desquelles pendent trois pointes qui vont en s’élargissant. (Fig.39.) Ces mouchetures «doivent être disposées en quinconce, et il faut les compter en blasonnant, quand leur nombre est inférieur à trois ou quatre sur chaque rang.



Le CONTRE—HERMINE s’obtient par la transposition des couleurs, c’est-à-dire en faisant le champ de sable et les mouchetures d’argent. fig. 4o.)



VAIR. Le vair (de varius, varié de couleurs) est une fourrure composée d’argent et d’azur, ou, si l’on veut, de peaux blanches et bleues, taillées en forme de petits écussons ou cloches, placés par rangs et opposés les uns aux autres, c’est-à-dire métal à couleur, et alternativement renversées et debout, en commençant par l’argent, comme le montre la figure 41.

Les pièces de vair sont disposées sur quatre rangs ou tires: aux premier et troisième rangs, quatre cloches d’azur et trois d’argent, et deux demi-cloches d’argent aux extrémités; aux deuxième et quatrième rangs, quatre cloches d’argent, trois d’azur et deux demies d’azur aux extrémités. (Fig.41 bis.)

Lorsque les cloches dépassent ce nombre, on les appelle menu-vair; lorsque, au contraire, elles ne le dépassent pas, la panne prend le nom de beffroi.


41. (bis). De vair.

Le CONTRE—VAIR est aussi d’argent et d’azur ; mais il diffère du vair en ce que le métal y est opposé au métal, la couleur à la couleur, et que les cloches des deuxième et quatrième rangs sont renversées, comme le montre la figure 42.


42. (bis). De contre-vair.

Il se trouve parfois que le vair soit d’autres émaux que d’argent et d’azur, et aussi l’hermine d’autres émaux que d’argent et de sable. On dit alors, en blasonnant: varié, ou herminé d’or ou de gueules.

Observations et règles pour les Émaux.

Quand un écu n’est pas divisé, c’est-à-dire quand il est d’un seul et même émail, on le dit plein: d’or plein, de gueules plein. (Fig. 31. et 33.)

C’est un principe général de l’héraldique, qu’on ne doit jamais poser métal sur métal, couleur sur couleur, fourrure sur fourrure. Cela veut dire, par exemple, qu’il ne faut pas superposer or sur d’argent, ou gueules sur azur, ou hermine sur vair. Mais on peut très bien les juxtaposer par écartelures.

Les exceptions à cette règle générale sont très rares et sont nommées armes à enquerre. On leur donne ce nom parce qu’alors on doit enquérir ou rechercher la cause, toujours honorable, de cette violation des règles du blason2

Chapitre quatrième des figures, pieces ou meubles qui couvrent l’ecu.

On appelle figures, pièces ou meubles, tous les objets qui se placent sur le champ de l’écu.

Doit l’on conçoit que leur nombre est indéfini. Mais on les a ramenées à quelques catégories.

Il y a, en blason, quatre sortes de figures:

  1. Héraldiques;
  2. Naturelles;
  3. Artificielles;
  4. Chimériques.


Figures héraldiques.

Les figures héraldiques sont divers signes de convention que l’on représente sur l’écu et qui sont d’un grand usage en armoiries.

Ces figures héraldiques sont nombreuses. On peut les diviser en cinq espèces:

  1. Les pièces héraldiques du premier ordre, ou honorables;
  2. Les pièces héraldiques du second ordre;
  3. Les pièces héraldiques du troisième ordre;
  4. Les pièces héraldiques diminuées;
  5. Les sécantes partitions ou rebattements.

Pièces héraldiques du premier ordre

Les pièces héraldiques du premier ordre, dites en blason honorables, sont au nombre de douze, savoir: le chef, la fasce, la champagne, le pal, la bande, la barre, la croix, le sautoir, le chevron, la bordure, le franc-quartier et l’écusson en coeur.

Ces pièces sont très fréquemment employées et doivent être, en dimension, du tiers de l’écu, excepté le franc-quartier qui est à peu près du quart.

  1. Le CHEF est la partie supérieure de l’écu dont il tient le tiers. (Fig.43.)
  2. La FASCE est une bande qui occupe le tiers de l’écu au milieu, dans le sens horizontal. (Fig.44 )
  3. La CHAMPAGNE est le tiers inférieur de l’écu. (Fig.45.)
  4. Le pal est une bande qui occupe le tiers de l’écu dans le sens vertical. C’est le contraire de la fasce. (Fig.46.)
  5. La BANDE occupe le tiers de l’écu en diagonale de l’angle supérieur dextre à l’inférieur sénestre. (Fig.47.)


  6. La BARRE, au contraire, va de sénestre en haut à dextre en bas. (Fig.48.)
  7. Le SAUTOIR est la réunion de la barre et de la bande. Quelques-uns n’y voilent qu’une variété de la croix, et en effet, on l’appelle aussi croix de saint André, ou croix de Bourgogne. (Fig.49.)

  8. Le CHEVRON est l’assemblage de deux bandes dont la pointe est dirigée vers le haut de l’écu et forme un compas à demi ouvert. (Fig.50.)
  9. La BORDURE est une bande qui entoure l’écu sans le couvrir entièrement (Fig.51.)

  10. Le FRANC-QUARTIER occupe un peu moins du quart de l’écu, à l’angle supérieur dextre. Fig. 52.)
  11. l’ÉCUSSON EN CŒUR est un petit écusson que l’on place au centre de l’écu principal. (Fig.53.)

  12. LA CROIX. La croix est une pièce héraldique des plus honorables; elle est très fréquemment employée. Comme il y’ en a une très grande variété, il importe de faire connaître au moins les principales.
    Croix simple ou pleine. Elle se compose du pal et de la fasce. On n’indique pas cette forme en blasonnant. (Fig.54.)

    • Croix pattée, qui va s’élargissant aux extrémités. (Fig.55.)

    • Croix au pied fiché, celle dont le pied est aiguisé comme pour être fiché en terre. (Fig.56.)

    • Croix alésée, dont les extrémités ne touchent pas les bords de l’écu. (Fig.57.)

    • Croix ancrée, dont les extrémités sont en crochets comme lesancres de navire. (Fig.58.)
    • Croix recercelée, quand les crochets de la croix ancrée sont beaucoup plus recourbés, ou en cercle.
    • Croix florencée ou fleurdelisée, ornée de fleurs de lis à ses extrémités. (Fig.59.)

    • Croix recroisettée, dont les quatre branches forment elles-mêmes des croix. (Fig.60.)
    • Croix engrêlée, garnie, sur les bords, de dentelures dont les intervalles sont arrondis. (Fig.61.)
    • Croix dentelée, en dents de scie. (Fig 61 bis).

    • Croix pommetée, terminée par des boules: (Fig.62.)

    • Croix tréflée ou de Saint-Lazare, quand les extrémités sont taillées en trèfle. (Fig.63.)

    • Croix potencée, terminée en forme de potence . (Fig.64.)

    • Croix de potence , appelée aussi croix de Saint-Antoine ou Tau, a la forme d’un T. (Fig.65.)

    • Croix de Lorraine, dite aussi croix patriarcale ou des Templiers, est une croix grecque à double traverse, celle d’en bas un peu plus longue que celle d’en haut. (Fig.66.)
    • Croix vidée , ou de Toulouse, celle qui est percée à jour. (Fig.67.)
    • On dit d’une croix, et en général de toute pièce héraldique, qu’elle est cléchée, quand elle est percée à jour et que l’ajourement est du même émail que l’écu.

Il y a encore un grand nombre d’autres formes de croix admises en armoiries, dont nous ne donnons pas le dessin parce qu’il est facile de s’en faire une idée. Ainsi il y a:

  • la croix de Malte (Fig.85);
  • la croix retranchée, dont les extrémités sont en forme de bastions (Fig.67);
  • la croix bretessée, ou crénelée sur toutes ses faces;
  • la croix frettée, couverte d’une frette ou treillis (v. page 67);
  • la croix échiquetée, ou en échiquier (v. page 66);
  • la croix vairée, composée de vair;
  • la croix fuselée, composée de fusées (v. page 67);
  • la croix gringolée , terminée par des têtes de serpents.;
  • la croix dite de Saint-André n’est autre que le sautoir (Fig.49).

NOTA. — Quand une pièce honorable, telle que chef, franc-quartier, etc., est de métal sur métal ou de couleur sur couleur, on dit de cette pièce qu’elle est cousue. Nous en avons un exemple dans les armoiries de Paris; le champ étant de gueules et le chef d’azur, on dira: de gueules à une nef équipée d’argent, voguant sur une onde de même, au chef cousu d’azur semé de fleurs de lis d’or.

Pièces héraldiques du deuxième ordre

Ce sont des figures que les auteurs considèrent comme moins honorables que les précédentes.

On en compte huit: le pairle, le lambel, le canton, le giron, l’orle, le trescheur, la pointe et la pile.

Le PAIRLE a la forme d’un Y sur l’écu. (Fig.68.)

Le lambel représente un lambeau ou morceau d’étoffe à sa parti inférieure de pendants en forme de trapèzes, ordinairement au nombre de trois. (Fig.69.)

Le CANTON, diminutif du franc-quartier, se place en chef, tantôt à l’angle dextre, et il est dit canton dextre, ou à sénestre, et il est. dit canton sénestre. (Fig.7o.)


Le GIRON est un des quartiers du gironné. (V. fig. 20). Il peut se mouvoir de toutes les parties du bord; mais ordinairement il se meut de la partie supérieure du flanc dextre. (Fig.71.)

L’ORLE est une bordure isolée, éloignée du bord de l’écu d’une distance égale à sa largeur, c’est-à-dire moitié de la bordure ordinaire. (Fig.72.)


Le TRESCHEUR OU ESSONIER est l’orle rétréci dans sa largeur. Il est le plus souvent doublé et orné de fleurons ou fleuronné. (Fig.73.)

La pointe est une pièce triangulaire, partant de la pointe de l’écu, dont elle occupe les deux tiers, et montant en angle aigu jusqu’au chef. (Fig.74.)

Elle peut se mouvoir aussi d’un des flancs de l’écu, et il faut dire, en blasonnant, si elle est posée en bande, en fasce, etc.

La pile est la pointe renversée. Elle peut, comme la pointe, être multipliée dans l’écu, Alors elle est nécessairement moins large à sa base. (Fig.75.)

Figures héraldiques de 3é ordre

Ce sont des figures carrées ou rondes que l’on emploie en armoiries et auxquelles on a donné des noms particuliers.

Les BILLETTES sont des pièces de bois carrées, un peu plus longues que larges et posées à plat sur l’écu. (Fig.76.) Elles peuvent être évidées, et alors on les dit cléchées.

Les CARREAUX, pièces de bois tout à fait carrées, et posées comme les billettes. (Fig.77.)


Les LOSANGES, que l’on pose sur un des angles. (Fig.78.)

Les FUSÉES, losanges très effilés, parfois penchés. (Fig.79.)


Les MACLES, losanges percés à jour en losange. (Fig.80.)

Les RUSTES, macles évidés en rond. (Fig.81.)


Les besants, figures rondes représentant les pièces de monnaie, toujours en métal sur couleur. (Fig.82.)

Les TOURTEAUX, même forme que les besants, mais couleur sur métal.


Les besants-TOURTEAUX sont des besants moitié métal, moitié couleur, posés toujours sur un champ de couleur. (Fig.84.)

Les TOURTEAUX—BESANTS sont des tourteaux, moitié couleur, moitié métal, mais posés sur un champ de métal. (Fig.84.)

Des pièces héraldiques diminuées

On appelle pièces héraldiques diminuées, plusieurs figures héraldiques du premier ordre, lorsque, employées même isolément, leur largeur est moindre que le tiers de l’écu. Cela arrive surtout lorsque ces pièces sont doubles, triples, etc.

Ces pièces prennent alors un nom différent, et sont au nombre de douze, savoir: le comble, la vergette, la divise, les burèles, les jumelles, les tierces, le filet, le flanchis, l’étaie, la cotice, le bâton, et la plaine.

Le COMBLE ou chef retrait est le chef diminué. (Fig.85.)


La VERGETTE, diminutif du pal, à peu près le tiers. (Fig.86.)



La DIVISE, tiers de la fasce. Plus petite, elle prend le nom de trangle. Elle peut être haussée ou baissée sur l’écu. (Fig.87.)


Les BURÈLES, c’est la fasce répétée plus de quatre fois. l’écu est dit burelé quand les espaces entre les burèles sont de même largeur qu’elles. (Fig.88.)



Les JUMELLES: fasces, bandes, barres, etc., rétrécies et posées deux à deux. (Fig.89.)


Les TIERCES, fasces, bandes, etc., diminuées et posées de trois en trois. (Fig.90.)



Le FLANCHIS, sautoir alésé et diminué. (Fig.91.)


Le FILET, toutes les pièces honorables réduites à leur plus simple épaisseur. Dans ce cas, la bordure s’appelle filière. (Fig.92).



L’ÉTAIE, chevron diminué des deux tiers de sa largeur. (Fig.93.)


La COTICE est le nom que prend la bande réduite au tiers. Elle peut aussi se poser en barre. Alors on la nomme traverse. (Fig.94.)



Le BATON est une cotice rétrécie, ou la bande à un tiers de sa largeur. On lui donne le nom de bâton péri quand il ne touche pas les angles de l’écu. (Fig.95.)


La PLAINE est la champagne réduite au tiers de son épaisseur.

Sécantes partitions ou rebattements

On appelle ainsi des figures ou combinaisons de figures régulières, couvrant entièrement le champ de l’écu, et se composant toujours d’un métal et d’une couleur, alternativement.

Il y en a un grand nombre, nous donnons seulement les principales. Ce sont: le fascé, le palé, le bandé et le barré, le chevronné, le vairé, les points équipollés, l’échiqueté, le losangé, le fuselé, le cantonné, le fretté, le papelonné, le flanqué, le chapé, le mantelé, le chaussé, le chapé-chaussé, l’embrassé, et l’émanché.

Le FASCÉ, couvert de fasces de métal et de couleur.


Le PALÉ, est l’écu couvert de pals.



Le BANDÉ et le BARRÉ:, écu couvert de bandes (Fig.98) ou de barres.

Le chevronNÉ, partitions de l’écu, au moyen de chevrons de même épaisseur, et alternativement métal et couleur. (Fig.99.)


Le VAIRÉ, partition obtenue au moyen du vair (Fig.41), et qui lui ressemble complètement comme forme, mais avec des couleurs autres qu’ d’argent et azur.

Les POINTS ÉQUIPOLLÉS, parti de 2 et coupé de 2, ce qui forme neuf divisions considérées comme meubles, et qui doivent alterner métal et couleur. (Fig.100.)


L’ÉCHIQUETÉ, parti de cinq traits coupé d’autant. (Fig.101.) Il divise l’écu en 36 parties égales. Si le nombre est inférieur, il faut l’indiquer en blasonnant.




Le LOSANGÉ, composé de losanges de métal et de couleur, par le tranché et le taillé de 8 traits. Il comprend 28 points entiers et 16 demi. (Fig.lo2.)

Le FUSELÉ, composé de fusées. (Fig.103.)


Le FRETTÉ, composé de 3 bandes et de 3 barres entrelacées en forme de treillis, de façon à laisser voir le fond de l’écu. (Fig.104.)



Le TREILLISSÉ, la même chose que le fretté, sauf que l’intersection des bandes et des barres porte des clous d’un émail différent. (Fig.105..


Le FLANQUÉ n’est autre que écartelé en sautoir. (Fig.17.) Le flanqué peut être arrondi en forme de deux demi-lunes au lieu de finir en pointe et de se toucher au coeur de l’écu (Fig.16.)



Le CANTONNÉ. On nomme ainsi les espaces laissés visibles sur le champ par la croix ou le sautoir. Fig. 107.


Le CHAPÉ couvre les deux tiers de l’écu; il descend du chef en deux pointes qui viennent poser de chaque côté de la base, et laisse à découvert un triangle, qui est le fond de l’écu; les deux pointes d’azur sont le chapé.



Le MANTELÉ est le chapé agrandi et couvrant les trois quarts de l’écu. (Fig.109)


Le CHAUSSÉ est le contraire du chapé; il meut de la pointe de l’écu. (Fig.110.)


(Fig. 112. et 113.) On dit vêtu lorsqu’ils sont l’un et l’autre de même émail



Le CHAPÉ—CHAUSSÉ est la réunion dans le même écu du chapé et du chaussé: ils s’arrêtent alors tous les deux au milieu de l’écu.

L’EMBRASSÉ, c’est le chapé mouvant à dextre ou à, sénestre, au lieu du chef. (Fig.114.)


L’EMANCHÉ se dit des partitions de l’écu s’enclavant les unes dans les autres en forme de longs triangles. Il peut se faire en pal, en chef, en fasce (Fig.115), en barre ou en bande (Fig.116.)




Mentionnons aussi le PAPELONNÉ, qui couvre l’écu de pièces arrondies et s’emboîtant les unes sur les autres comme des ardoises ou des écailles de poisson; et le PLUMETÉ composé de bouts de plume rangés à côté les uns des autres alternativement de métal et de couleur.

Un autre genre de rebattement que l’on appelle CONTRE-PALÉ, CONTRE-FASCÉ, CONTRE-BANDÉ, etc., a lieu lorsque dans un écu coupé, ou parti, ou taillé etc., les pals, ou fasces ou bandes sont opposés métal à couleur et couleur à métal, comme on le voit, fig.117 et 118.



Enfin, il y a encore un curieux exemple de rebattement qui se présente assez souvent en armoiries, et que l’on appelle DE L’UN EN L’AUTRE. Cela a lieu quand, dans un écu parti-tranché, etc. en deux émaux, et chargé d’une pièce des mêmes émaux, cette pièce est de couleur sur le métal et de métal sur la couleur.

Ex.: fig. 19 et 120.


DE L’UN A L’AUTRE se dit au contraire quand dans l’écu divisé en deux émaux, plusieurs pièces de ces deux mêmes émaux, telles que anneaux, étoiles…, sont de métal sur la couleur et réciproquement

Voilà du moins ce qu’admettent aujourd’hui les héraldistes. Tel n’est pas, cependant, l’avis du P. Ménétrier, qui fait autorité en ces matières, et qui admet pour ces deux locutions, le sens contraire du nôtre. Mais cette distinction n’a pas une grande importance.

Figures naturelles.


Les figures naturelles sont les images des êtres qui appartiennent à la création, comme les anges, les hommes, les animaux, les astres, les plantes, etc. Il y en a un nombre infini, et plusieurs prennent dans le langage héraldique un nom particulier. Nous en citerons quelques-unes des plus employées pour servir d’exemple, mais nous cessons ici de représenter ces figures, pour ne pas augmenter inutilement le volume et le prix de cet ouvrage, et puis parce qu’il est facile à tous de se faire une idée de ces objets que l’on rencontre la plupart autour de soi dans la création. Procédons par ordre.

L’homme

L’homme est dit de carnation, quand il est représenté au naturel. Souvent on ne met sur l’écu que le buste.

La femme se représenté de la même manière.

Bien des figures de blason sont empruntées au corps de l’homme. Ainsi les yeux, seuls, ou parsemés en nombre sur une face humaine, pour faire une tête d’Argus. Les yeux sont dit allumés quand ils sont d’un autre émail que les paupières. Les bras: le bras droit est appelé dextrochère et le bras gauche sénestrochère. Les mains: quand elles sont étendues du côté de l’intérieur de la main, on les dit appaumées. On les appelle une foi quand elles sont jointes ensemble et posées en fasce. Les jambes, seules, sont aboutées par les cuisses, quelquefois au nombre de trois, et placées au milieu de l’écu. Les os de l’homme se placent ordinairement en sautoir.

Animaux. — Quadrupèdes.

Les figures d’animaux regardent toujours la droite de l’écu: si, par exception, ils regardent la gauche, on les nomme contournés.

Une des figures d’animaux le plus fréquemment employées en blason, c’est le LION. On le représente le plus souvent rampant, c’est-à-dire la tête de profil et levé sur ses pieds de derrière: mais on ne désigne en blasonnant que les positions suivantes: Le lion est dit: posé, lorsqu’il est sur ses quatre pieds; passant quand il paraît marcher; léopardé a le même sens parce que c’est la position affectée au léopard; armé et lampassé, lorsque les griffes sont apparentes, la langue tirée et d’un émail différent; couronné quand il porte une couronne sur la tête; morné, lorsqu’il n’a ni dents, ni langue; diffamé quand il est sans queue; le bouquet de la queue doit ordinairement être tourné vers le dos; dans les anciens blasons, c’est le contraire qui a lieu; issant, quand sa partie supérieure parait émerger sur un chef, une fasce.

Toutes les dénominations précédentes peuvent s’appliquer aux autres animaux employés en blason.

Le LÉOPARD est plus rare que le lion.

Le léopard en blason, ordinairement est passant, la tête tournée de face, et le bouquet de la queue tourné en dehors. Il est lionné quand il est dans la position du lion, c’est-à-dire rampant.

Le CHEVAL se met toujours de profil dans l’écu. Il est dit gai quand il est sans harnais ni licou; cabré ou effrayé quand il n’est posé que sur ses pieds de derrière. La tête de cheval se pose de profil.

Le BOEUF ou la VACHE, de profil. Le boeuf a pour signe distinctif une touffe de poil sur la tête. On les dit clarinés quand ils portent une clochette au cou. La tête de boeuf, au contraire de celle du cheval, se pose de face. On lui donne aussi le nom de rencontre.

Le CERF, se pose de profil et passant; rarement courant ou couché. Le rencontre ou tête de cerf, se pose comme la tête de boeuf. On nomme massacre, les bois tenant à une partie du crâne.

Le CHIEN. On ne voit guère figurer sur les écus que les lévriers et les braques. Ils sont passants ou courants.

Le BÉLIER a les cornes en forme de volute, et ordinairement passant. Il est sautant quand il est debout. Sa tête, nommée rencontre de bélier, se pose de face.

L’AGNEAU est de profil et passant. L’agneau pascal tient une croix à laquelle est attachée une oriflamme chargée d’une croisette.

L’ÉLÉPHANT est défendu quand ses défenses sont d’un autre émail que le corps. On nomme sa trompe proboscide: elle peut figurer comme meuble dans l’écu.

On y représente aussi le SANGLIER, l’OURS, l’ÉCUREUIL ou ÉCURIEUX, le lapin ou connil, le LIMAÇON, le serpent qui se pose d’ordinaire en pal et ondée, et prend le nom de bisse, vivre, givre.

Oiseaux.

L’AIGLE est l’oiseau qui se voit le plus souvent en armoiries. En blason, il a le genre féminin. Ses ailes sont ouvertes; quand elles sont rabattues vers la pointe de l’écu, elle a le vol abaissé, elle est contournée quand elle regarde à sénestre; essorante lorsqu’elle paraît prendre son vol; aiglette quand elle est répétée plusieurs fois dans l’écu; alérion quand l’aiglette n’a ni bec ni pattes; vol d’aigle, les deux ailes sans le corps; demi-vol, une seule aile; souvent elle a deux têtes, on la nomme alors éployée, mais nous la mettons dans ce dernier cas au nombre des figures chimériques. On dit langué, de sa langue (et non lampassé comme pour le lion…), armé, de ses griffes, membré, de ses membres, quand ces parties sont d’un autre émail que celui du corps.

Le PÉLICAN est représenté sur son aire, ailes étendues, s’ouvrant la poitrine avec son bec pour nourrir ses trois petits. On nomme piété les gouttes de sang quand elles sont d’un autre émail que l’oiseau.

Le COQ peut être crête, barbé, membré de tel ou tel émail; chantant s’il a le bec ouvert; hardi, s’il lève la patte dextre.

Le CYGNE se représente au naturel.

La GRUE a la patte dextre levée tenant un caillou qu’on nomme vigilance, et qui se blasonne quand il est d’émail différent.

Le PAON est rouant quand il déploie sa queue; sa tête porte trois plumes en aigrette; il est miraillé lorsque les marques de sa queue sont d’un émail différent du corps.

Les CANETTES sont de petites canes: elles deviennent MERLETTES quand elles n’ont ni bec ni pattes. (Fig.107.)

Le HÉRON, le CORBEAU etc.,figurent également dans le blason.

Poissons, Insectes, Reptiles.

Le DAUPHIN, d’ordinaire, est de profil, courbé en demi-cercle, la hure et la queue tournées à dextre. Il est couché quand elles sont tournées vers la pointe, versé quand elles regardent le chef; pamé, ayant la gueule ouverte et l’oeil fermé; allumé, pour l’émail différent de son oeil; loré, pour celui des nageoires; peautré, pour celui de la queue.

Les CHABOTS, poissons de rivières qui se posent en pal la tête en haut.

Les BARS sont deux poisson qui se posés de profil en pal, et adossés.

Les ÉCREVISSES se posent en pal, la tête en haut.

Les COQUILLES, grandes, sont nommées coquilles de Saint-Jacques, petites, coquilles de Saint-Michel.

Les VANNETS sont des coquilles dont on voit l’intérieur.

LES ABEILLES, MOUCHES OU TAONS, ont les ailes éployées, vues par derrière et montant.

Les DOUBLETS sont les moucherons posés de profil.

Le PAPILLON, est dit miraillé quand les points marqués sur les ailes sont d’émail différent des ailes.

Plantes.

Les ARBRES peuvent être ou ne pas être d’un seul émail; on dit donc:futés quand le tronc est d’un autre émail; arrachés, quand on voit les racines; écotés, quand les branches sont coupées; effeuillés, quand ils n’ont point de feuilles.

On distingue, dans l’écu le chêne, l’olivier, le poirier et le pin par leurs fruits.

Le CRÉQUIER représente un prunier sauvage, ayant presque la forme d’un chandelier à sept branches.

Les FLEURS, les FEUILLES, les ÉPIS, les HERBES, les FRUITS, figurent aussi dans le blason en situation et nombre divers.

Les fleurs les plus fréquentes sont les lis. au naturel, ce sont les lis de jardin. La fleur de lis dite de France, peut être placée au nombre des figures artificielles. Elle est au pied nourri quand elle est coupée par le bas, rez de la petite traverse.

On trouve aussi dans les armoiries, la rose, la grenade, l’ancolie, les trèfles avec une tige, les tiercefeuilles, ou trèfles sans tige, à feuilles un peu plus pointues; les quartefeuilles, fleurs à quatre feuilles ou fleurons, sans tige; les quintefeuilles ou pervenche; les coquerelles, gousses de noisette jointes ensemble au nombre de trois; les glands, avec leur gobelet et une petite tige, et que l’on dit renversés, quand le godet est en bas.

On dit la fleur tigée, pétalée, de tel ou tel émail.

Astres, Météores, Éléments.

Le SOLEIL se fait d’or: quand il est en couleur, il est dit ombre de soleil.

Le CROISSANT prend un grand nombre de positions; l’ordinaire est: les deux pointes vers le chef.

L’ARC-EN-CIEL se blasonne avec ses couleurs naturelles.

Les ÉTOILES ont ordinairement cinq pointes rayons. Il faut l’indiquer, quand elles en ont davantage.

Les COMÈTES sont à huit rayons: celui du bas ondoyant et trois fois plus long que les autres, cour indiquer qu’elle est caudée.

Les NUÉES, le FEU, sous forme de torches, ou de flammes couleur ou métal; l’EAU d’argent, ombrée d’azur, ou de sinople, ou de sable; la TERRE, sous forme de montagnes, de collines et de rochers, paraissent souvent en armoiries.

Figures artificielles.

On appelle figures artificielles toutes celles qui sont le produit de l’art et de la main des hommes. Elles sont empruntées à la religion, à la guerre, aux arts, etc. Elles sont presque aussi variées que les figures naturelles. Nous ne donnons que les plus employées, ou celles qui ont en blason un nom différent du langage ordinaire. D’ailleurs, c’est ici surtout qu’il faut consulter le dictionnaire héraldique.

Nous dirons donc simplement qu’on rencontre en armoiries:

  • des anilles, ou fers de moulin;
  • des annelets, ou bagues;
  • des badelaires, ou épées recourbées;
  • des bouterolles, ou bouts de fourreaux d’épée;
  • des broies, ou mors;
  • des chandeliers; des chaînes;
  • des chausse-trape; des clefs,
  • des clous, des cornières, ou anses de pot;
  • des couronnes;
  • des doloires, des fermaux ou boucles de ceinture;
  • des gonfanons,
  • des grillets ou grelots;
  • des herses,
  • des hies, des houssettes ou chausses,
  • des huchets, ou cors de chasse,
  • des maillets,
  • des manipules,
  • des molettes d’éperon,
  • des navires de tout genre;
  • des otelles ou fers de lance;
  • des phéons ou fers de flèche aigus et dentelés;
  • des patenôtres ou chapelets;
  • des pignates ou petites cruches à une anse;
  • des ponts,
  • des portes;
  • des rais d’escarboucle, roues sans jantes dont le moyeu est une pierre précieuse, et dont les huit rayons sont fleuronnés aux extrémités;
  • les rocs;
  • les tortils ou rubans roulés autour d’une tête de Maure;
  • des tours;
  • des triangles;
  • des vertenelles ou bris d’huis, bande de fer destinée à soutenir une porte sur ses gonds;
  • etc. etc.


Figures chimériques.

Les figures chimériques sont des êtres fantastiques créés par l’imagination, et qui n’existent pas dans la nature. Beaucoup sont empruntées à la mythologie païenne; d’autres sont dues aux croisades, où l’on aimait à tout considérer sous l’aspect du merveilleux.

Donnons seulement les principales.

  • L’AIGLE éployée Ou à deux têtes, dont l’une est contournée à dextre, et l’autre est contournée à sénestre. Quand l’aigle à deux têtes est de sable, on la nomme aigle de l’Empire. Ce fut Constantin qui le premier prit une aigle à deux têtes, pour montrer que l’empire, quoique divisé, ne formait néanmoins qu’un seul corps.
  • L’AMPHIPTÈRE est un serpent ailé.
  • Le CENTAURE est moitié homme et moitié cheval. Quand il est moitié taureau, on l’appelle minotaure. Il porte le plus souvent une massue. Quand il tire de l’arc, il prend le nom de sagittaire.
  • La CHIMÈRE a le visage et le buste d’une femme, les pattes de devant d’un lion, le corps d’une chèvre, les pattes de derrière d’un griffon et la queue d’un serpent.
  • Le DIABLE, que l’on figure, comme chacun sait, avec des cornes, des ailes de chauve-souris, une queue.
  • Le DRAGON est un animal qui a la tête et les pieds d’un aigle, le corps et la queue d’un serpent, des ailes de chauve-souris, la langue en forme de dard.
  • Le DRAGON à figure humaine se nomme monstrueux.
  • Le GRIFFON est moitié aigle et moitié lion.
  • La HARPIE, en héraldique, a la tête et la poitrine d’une femme, le reste du corps d’une aigle, ailes étendues.
  • L’HYDRE est une espèce de dragon à sept têtes.
  • La LICORNE est un cheval ayant une corne sur le front, une barbe de chèvre et des pieds fourchus.
  • Le LION DRAGONNÉ est celui dont la partie inférieure du corps est terminée en forme de dragon.
  • Le LION MARINÉ se termine en queue de poisson.
  • Le PHÉNIX, oiseau fabuleux, qu’on pose de profil, les ailes étendues, sur un bûcher nommé immortalité.
  • La SALAMANDRE est une espèce de lézard que l’on place toujours au milieu des flammes.
  • Le SPHINX a le buste d’une femme, et le reste du corps d’un lion.
  • La SIRÈNE ou Mélusine, femme jusqu’à la ceinture et le reste du corps en queue de poisson. Elle tient presque toujours un miroir d’une main, et un peigne de l’autre.

Observation sur la position des figures.

Maintenant que nous connaissons les différentes espèces de figures qui peuvent meubler le champ de l’écu, il nous sera plus facile de nous faire une idée exacte de ce que nous avons dit page 14, au sujet de la position des figures sur l’écu.

Une seule figure sur l’écu, avons-nous dit, en occupe ordinairement le centre; dans ce cas on ne mentionne pas sa place en blasonnant.

Une figure placée en B est dite en chef; en C, en pointe. Deux ou plus de figures en D, B, E, (page 14) sont dites en chef; en I, A, K, en fasce; en H, C, I, en pointe; en D, A, I, en bande, en E, A, H, en barre.

Trois figures sont ordinairement placées en D, E, C. (Fig.78. 8 r.) Quand elles sont placées en H, I, B, elles sont dites mal ordonnées.

Les figures en D, E, H, I, sont 2 et 2; et ainsi de suite, pour les figures qui peuvent être posées en croix, en sautoir, en pairle, en orle, en bande, etc.

  1. Disons une fois pour toutes que l’écu est censé représenter un être animé que l’on a en face de soi, et par conséquent la dextre de l’écu est à la gauche du lecteur, et la senestre à sa droite. []
  2. L’an 1099, après la prise de Jérusalem par les Croisés, il s’agit de blasonner Godefroy de Bouillon avec le nouveau royaume. Les barons assemblés lui donnèrent « un champ d’argent à la croix d’or accompagnée de quatre croisillons de même. » C’était violer la règle que nous venons de citer: mais ils le firent sciemment, prétendant que l’or et l’argent étaient seuls dignes de représenter l’instrument de la Rédemption du monde et que la Ville sainte méritait bien la faveur de cette exception aux règles ordinaires. (Voir le frontispice, au troisième quartier, et page 114;) []

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