Deuxième Édition, refondue et augmentée
GOUDA G.B. VAN GOOR ZONEN 1884
PREFACE du TOME I
Depuis vingt-cinq ans les études héraldiques ont fait d’immenses progrès et le nombre de ceux qui s’y appliquent va toujours croissant. À Vienne, à Berlin, à Pise, à la Haye on a vu se former des sociétés héraldiques qui remplissent le double but de réunir dans un centre commun tons ceux qui s’intéressent à ces études et de répandre des lumières dont le besoin se fait encore beaucoup sentir.
La vraie science héraldique, en effet, vient de renaître après avoir été longtemps réduite à l’état de momie par les fantaisies niaises des savants des deux derniers siècles qui en avaient fait un enfantillage indigne de l’attention des hommes sérieux. Maintenant que cet état de choses a cessé et qu’en quittant un chemin vicieux on s’est de nouveau adressé aux monuments, aux sceaux, aux tombes etc. qui datent du moyen-âge, cette nouvelle découverte de vérités anciennes fait surgir mainte question et plus d’un doute que lesdites sociétés sont appelées, avant tout autre, à résoudre. L’honneur leur revient qu’elles ne manquent pas à ce devoir scientifique.
En outre, on trouve en tous pays quantité d’amateurs qui, sans appartenir à une société quelconque, étudient les armoiries, cherchent à s’en former des collections, et applaudissent à toute publication qui leur apporte de nouveaux matériaux.
Le retour aux bonnes traditions a porté les fruits que l’on pouvait en attendre. En Allemagne, surtout, beaucoup d’ouvrages ont vu le jour, où l’histoire des armoiries est tracée de main de maître, où les principes émis sont appuyés par des exemples empruntés aux monuments des temps chevaleresques, où la théorie et la pratique vont de pair. L’Angleterre a pris part au mouvement, sur une plus petite échelle, il est vrai, mais d’une manière non moins méritoire. La France et l’Italie ont fait des efforts dans le même sens. La Hollande n’est pas restée en arrière. Bref, on observe partout une tendance générale à remettre la science sur sa base historique, en laissant de côté les folles spéculations des anciens auteurs sur la prétendue signification symbolique des émaux et des figures dans les armoiries, et à retourner aux bons types héraldiques, de plus en plus négligés et oubliés.
En même temps que les traités se multiplièrent, le nombre des armoriaux, gravés ou imprimés, et des annuaires nobiliaires s’augmenta sans cesse, et des milliers d’armoiries, inconnues jusqu’alors, furent livrées à la publicité. Dans la même proportion l’embarras des amateurs s’aggrava, car il était impossible de se procurer tous ces recueils héraldiques. En supposant même que les frais, presque toujours très-élevés, n’eussent été d’aucune importance, les diverses langues dans lesquelles ces livres étaient rédigés et la différence de leur nomenclature héraldique eurent suffi à en fermer l’accès général.
Dans ces circonstances, la première et seule édition de notre Armorial Général (celle de 1861) étant épuisée depuis quelques années, nous avons cru rendre un service au public héraldique en préparant une deuxième: entièrement refondue et enrichie de telle manière que son volume est plus que doublé. Les armoiries des familles de France, de Belgique, d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne, de Russie et des pays slaves, des Pays-Bas, des Royaumes Scandinaves, etc. ont subi une augmentation des plus considérables. Cependant, nul n’est plus profondément convaincu que l’auteur lui-même, que même sous cette forme perfectionnée l’Armorial Général ne peut être exempt de lacunes, car le nombre des armoiries existantes est vraiment incalculable, sans parler de celles que l’on connaît par les sceaux, mais dont les émaux se sont perdus. Néanmoins, il ose se flatter qu’il a eu le bonheur de réunir dans un seul corps d’ouvrage plus d’armoiries que n’en contient aucun autre armoriai, et que dans la très-grande majorité des cas son recueil fournira les renseignements que l’on pourra lui demander.
S’il était impossible d’énumérer dans la première édition les sources innombrables où nous avions puisé nos données, à plus forte raison nous nous en croyons dispensé maintenant que cette deuxième édition a pris des proportions si colossales. Il est cependant une exception; M. J.-G. de Groot Jamin Jr., à Amsterdam, qui a eu la bonté de nous prêter un armorial précieux composé par MM. van Gendt père et fils1, y a mis la condition que nous indiquerions cette source à côté des armoiries que nous décririons d’après ces dessins. Nous nous sommes conformé à ce voeu en faisant suivre ces articles par les mots Arm. v. G. (Armorial van Gendt) entre crochets.
Pour ce qui est des sources imprimées, nous reconnaissons volontiers que l’ouvrage excellent de M. Max Gritzner, intitulé Standes-Erhehungen und Gnaden-Acte Deutscher Landesfürsten, Görlitz 1881, nous a été du plus grand secours pour la vérification de milliers d’armoiries de familles allemandes.
L’Armorial Général comprend les armes de toute la noblesse britannique, c’est-à-dire des pairs de tout rang et des baronets, non seulement des familles actuellement existantes, mais encore de celles qui se sont éteintes dans le cours des temps. Pour les nombreuses armes des familles non-titrées du Royaume-Uni, nous renvoyons nos lecteurs au recueil intitulé Encyclopaedia of Heraldry, or General Armory of England, Scotland and Ireland, par MM. J. Burke et J.-B. Burke, publié à Londres en 1847, ou à la nouvelle édition de ce dictionnaire héraldique, sous le titre modifié de General Armory of England, Scotland, Ireland and Wales, par Sir Bernard Burke, Londres 1878.
A côté de la description des armes de plusieurs familles qui appartiennent à la noblesse néerlandaise, on trouvera la date de leur admission dans le corps équestre de telle ou telle province depuis 1814, après le rétablissement de l’indépendance de la Néerlande, qui de 1810 à 1813 avait été réunie à l’Empire français. Cette admission équivalait à un anoblissement pour les familles nouvelles et à une reconnaissance de noblesse pour les familles anciennes, ce qui est la raison pourquoi nous en avons fait une mention spéciale.
Les pays, provinces ou villes, désignés à la suite du nom de familles, sont ceux que nous trouvions indiqués comme leur lieu de séjour ; mais, ces renseignements datant quelquefois d’un temps assez reculé, il est très-possible que dans le cours des années plusieurs se sont établies ailleurs. Partout où il nous a été possible, nous avons rapporté leur résidence actuelle.
Les armes des royaumes, provinces, villes etc., insérées dans la première édition, ont été écartées de la présente. Non-seulement elles n’étaient pas à leur place dans un ouvrage qui traite exclusivement des armes de familles, mais encore les modifications fréquentes, auxquelles les armes de souverainetés sont sujettes, ont pour résultat, en plusieurs cas, de les priver bientôt de leur valeur.
La composition d’un ouvrage tel que l’Armorial Général n’a pu avoir lieu sans le concours bienveillant de beaucoup de personnes qui s’intéressent à ces études. En premier lieu nous avons à offrir nos remerciments les plus chaleureux à M. Friedrich Heyer von Rosenfeld, à Vienne, auquel la première édition de notre ouvrage avait déjà les plus grandes obligations et qui n’a pas cessé de nous fournir avec un zèle infatigable des matériaux précieux concernant les familles allemandes, italiennes et slaves. Notre compatriote, M. le lieutenant-colonel W. Mathol de Jongh, a eu l’obligeance d’annoter pendant ses voyages en Italie ce qui avait pu échapper à l’oeil attentif de M. Heyer von Rosenfeld. Un autre compatriote, M. A.A. Vorsterman van Oyen, à la Haye, nous a donné un libre accès à ses riches collections qui renferment les données les plus précieuses par rapport aux familles tant néerlandaises qu’étrangères2. à M. Oberkampf, à Marmande, et à Madame la Comtesse Marie de Raymond, à Agen, nous devons plusieurs centaines d’armoiries françaises, tirées de sources peu connues. Ce serait à n’en pas finir, si nous voudrions nommer tous ceux qui nous ont aidé de la manière la plus aimable. Que ceux que nous venons de nommer, et tous autres qui de diverses manières ont bien voulu faciliter notre tâche, veuillent se tenir persuadés de notre vive reconnaissance.
PREFACE du TOME II
En livrant à la publicité le Tome II de l’Armorial Général, le devoir s’impose à l’auteur de témoigner sa reconnaissance à tous ceux qui ont bien voulu l’encourager par leurs marques d’approbation. En considération de ses efforts pour rendre l’ouvrage aussi complet que possible, ils ont eu la générosité de pardonner les imperfections qui n’ont pu leur rester cachées.
Plusieurs d’entre eux, auxquels il à exprimé sa gratitude dans la Préface du Tome I, lui ont continué leur secours pour le Tome II. Il s’estime heureux de pouvoir ajouter à leurs noms celui de M. Alexandre von Dachenhausen, l’éminent rédacteur du Taschenbuch der adeligen Häuser (Annuaire des maisons nobles de l’Allemagne), dont la coopération bienveillante l’a mis à même d’insérer les armes des familles de la Transylvanie, qui jusqu’à présent étaient pour la plupart inconnues.
L’auteur regrette qu’un espoir qu’il avait fait entrevoir au Prospectus n’a pu être réalisé. L’expérience lui à démontré que la rédaction d’un Dictionnaire des figures dans les armoiries, si ardemment désiré par tous ceux qui étudient le blason, serait un travail d’une telle étendue que le peu de temps qui s’est écoulé pendant la publication de l’Armorial ne pouvait y suffire.
- Ce volume de dessins coloriés a pour titre : Wapen-Boeck ten deele vergadert door Johan van Gendt en nu verder volmaakt door sijn soon Gerlach van Gendt. — Armorial composé en partie par Jean van Gendt et complété par son fils Gerlach van Gendt. D’après une annotation sur la feuille de garde Jean v. G. était né le 30 mal 1609 et mourut le 4 décembre 1668. Son fils Gerlach, né en 1640, décéda le 5 juin 1733. [↩]
- M. Vorsterman van Oyen a publié un indicateur nobiliaire, donnant les noms de plusieurs milliers de familles sur lesquelles il est à même de fournir des renseignements [↩]