Un Traité de blason du xve siècle par M. L. Douët d’Arcq

Der nachstehende Text ist nicht aus meiner Feder. Louis Douët d’Arcq publizierte 1858 einen mittelalterlichen Text der allgemein einem gewissen Clément Prinsault zugeschrieben wird und den Titel TRAITÉ DE BLASON trägt. Der hier vorliegende Text ist Douët d’Arcq’s Einleitung, sein Kommentar zu eben jener mittelalterlichen Handschrift.
Alle Fussnoten sind von Douët d’Arc. Der grösstenteils schreibfehlerfreie Text wurde nach besten Wissen und Gewissen so übernommen.
Schreibweisen in Zitaten, welche dazu angetan sind, Leser zu verwirren, etwa weil sie falsch geschrieben, kennzeichnet man allgemein gerne mit dem lateinischen sic. Nun sind sowohl im Text von Douët d’Arcq, als bereits ihm in den Texten der Leute die er wiederum zitiert, einige Stellen unter gekommen, die der Kennzeichnung würdig sind. Damit der Leser wisse, wer hier stutzt,

  • sind Stellen in dem Text von Douët d’Arcq (!), die ich hervorhebe mit (-sic-) gekennzeichnet,
  • im Unterschied zu Douët d’Arcq welcher seinerseits gelegentlich Stellen die er getreu dem was er vorfand wiedergab mit (sic), also ohne Striche kennzeichnete.

Die vollständige Überschrift lautete:

UN TRAITÉ DE BLASON DU XVE SIÈCLE PRÉCÉDÉ D’UNE INTRODUCTION M. L. DOUET D’ARCQ

Es handelte sich um einen (Extrait de la Reçue archéologique, XV année), verlegt in “PARIS A. LELEUX, LIBRAIRE ÉDITEUR DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUE RUE DES POITEVINS, 11” im Jahre 1858.


Le grave et judicieux Estienne Pasquier, impatienté de voir dans le livre de l’un de ses contemporains1 surgir l’importante question de savoir si Adam et Eve avaient eu des blasons, et quels étaient ces blasons, résumait ainsi, dans une lettre à un ami, son opinion sur la matière: «Curiosité que j’ose aussi-tost appeler inexcusable, comme inespuisable2.» Jugement un peu sévère, à le prendre au pied de la lettre, mais cependant très-acceptable, surtout dans sa dernière partie. Témoin le chanoine Scohier, qui déclare formellement que: «Qui n’a pas pratiqué l’office d’armes pendant trente ou quarante ans continuels, il a matière d’apprendre, d’autant que c’est un art pérégrin, non congneu à tous (fors bien expérimentez en y celui) quelques doctes et versez qu’ils soient es droits et loix3. » Opinion partagée par le comte Cinanni, dans son Arte del Blasone4. Peut-être qu’après tout, cet art, ou pour parler avec plus de justesse, cette langue qu’on nomme le Blason, ne mérite pas tout le dédain que lui montrent beaucoup d’esprits sérieux. Encore moins justifie-t-il l’engouement dont il a été souvent l’objet5.

Entre ces deux extrêmes, il nous semble qu’il doit rester, ce qu’il est au fond, une annexe nécessaire, une sorte d’introduction à l’histoire d’une institution qui, quoiqu’on dise ou qu’on fasse, aura toujours été une grande chose, la noblesse. A ce point de vue il vaut bien de n’être point rejeté. Il a d’ailleurs quelque mérite en lui-même. En effet, si dans ce petit art le moyen âge a déposé bien de son enfantillage, il faut reconnaître qu’en même temps il y a mis quelque chose qui se sent de ces éclairs de raison qui nous frappent dans l’enfance. La langue qu’il a faite pour cet objet de ses prédilections ne manque ni de souplesse, ni d’habileté. Elle rend si bien ce qu’elle veut dire qu’elle traduit par des mots et fixe dans la mémoire des dessins souvent assez compliqués. Par exemple, les armes de Champagne, celles des Montmorenci, et tant d’autres6.

Puisque nous venons de parler de l’enfantillage du moyen âge, nous en donnerons ici, comme une digression que voudra bien nous pardonner le lecteur, un exemple assez curieux. Nous le tirons d’un manuscrit du XVe siècle, appartenant à la Bibliothèque impériale. Il s’agit d’une application pratique de ces attributions bizarres, mais assez ingénieuses au fond, que le blason, à sa naissance, donnait à ses émaux. L’auteur commence par l’énumération de ces attributions, puis il en donne trois exemples dans l’application.

«Pour blasonner en vertus. »

  • Or. — Noblesse.
  • Argent. — Richesse.
  • Gueules. — Prouesse.
  • Azur. — Loyauté.
  • Sable. — Humblesse.
  • Sinople. — Honneur.
  • Pourpre. — Largesse.
  • En pierrerie.

  • Or. — La topaze.
  • Argent. — La perle.
  • Gueules. — Le rubis.
  • Azur. — Le saphir.
  • Sable. — Le diamant.
  • Sinople. — L’éméraude.
  • Pourpre. — Le balay (le rubis balais).
  • Des planètes.

  • Or. — Le soleil.
  • Argent. — La lune.
  • Gueules. — Saturne.
  • Azur. — Vénus.
  • Sable. — Mars.
  • Sinople. — Mercure.
  • Pourpre. — Jupiter.
  • Des jours.

  • Or. — Le Dimanche.
  • Argent. — Le lundi.
  • Gueules. — Le samedi.
  • Azur. — Le vendredi.
  • Sable. — Le mardi.
  • Sinople. — Le mercredi.
  • Pourpre. — Le jeudi.
  • Voici maintenant ses trois exemples:

      • Émaux. — De gueules, à trois peux de vair, au chief d’or, au lion de sable passant7.
      • Vertus. — De proesse, à trois peux de vair, au chief de noblesse, au lion d’humblesse passant.
      • Pierreries. — De rubins, à trois peux de vair, au chief de lou passe au lion de deamant passant.
      • Émaux. — De sinople à la fasce d’ermines, à trois anyaux d’argent8.
      • Vertus. — D’honneur à la fasce d’ermines, à trois anyaux de richesse.
      • Pierreries. — Wesméraude, à la fasce d’ermines, à trois anyaux de perles.
      • Émaux. — D’argent, au cheviron de pourpre, à un quartier variet d’or et de gueules, au lambiau à trois pendants d’asur9.
      • Vertus. — De rychesse, au cheviron de largesse, au quartier variet de noblesse et de proesse, au lambiau à trois pendants de loyaulté.
      • Pierreries. — De perles, au cheviron de ballay, à ung quartier variet de toupasse et de rubins, au lambiau à trois pendants de safir10.

    On a beaucoup disserté sur l’origine du blason, sans rien apporter de bien certain dans la discussion11. Les uns ont été chercher son point de départ dans les tournois, ce qui le ferait remonter jusqu’au temps de Henri l’Oiseleur, c’est-à-dire à la première moitié du X’ siècle. Les autres ont voulu qu’il soit né des croisades. La première opinion, celle qui le fait venir des tournois, opinion qui est adoptée par le P. Ménestrier, nous semble aussi la plus probable. L’étymologie seule du nom en serait au besoin une preuve. Il vient du mot allemand blasen, qui signifie sonner du cor, et l’on sait que c’est en sonnant du cor que les héraults (sic) d’armes faisaient l’ouverture des tournois. D’un autre côté, les croisades ont pu et dû tout naturellement avoir une influence marquée sur les devises employées par le blason, et notamment en ce qui regarde des animaux tels que le lion et le léopard. Sur ce point nous serions pleinement de l’avis de l’auteur d’un livre très-intéressant, qui a paru dernièrement sur cette matière12), toute réserve faite d’ailleurs, quant au fond de l’ouvrage, qui nous a paru un peu trop empreint de préoccupations Orientales. Car il nous est difficile d’accorder à l’auteur que toutes nos pièces d’armoiries, y compris notre fleur de lys si française, nous viennent purement et uniquement de l’Orient. Quoiqu’il en soit, dans le livre de M. Adalbert de Beaumont, l’érudit nous a paru céder quelquefois le pas à l’artiste. Nous ne nous en plaignons pas autrement, et le public y gagnera peut-être plus qu’il n’y perdra. Nous signalerons surtout le vif intérêt qui s’attache aux planches de l’ouvrage, toutes dues au crayon de l’auteur. On y trouve, par exemple pour ce qui regarde la fleur de lys, le plus curieux et le plus habile rapprochement de formes qu’il soit possible d’imaginer.

    Si l’on voulait rassembler tout ce qui a été écrit sur le blason, depuis le petit livre gothique du hérault Sicile jusqu’au bon article de l’Encyclopédie, on aurait toute une bibliothèque. Dans cette surabondance d’auteurs, le P. Ménestrier semble être celui qui ait le mieux compris la matière et qui l’ait traitée avec le plus de succès. Ses douze à quatorze petits volumes forment une sorte de corpus du genre, un peu indigeste peut-être, mais assurément instructif. Ce ne sont donc pas les livres qui manquent. Ce qui manque c’est un moyen facile d’appliquer un nom sur tout blason qui se présente.

    Pour cela il ne faudrait rien moins qu’un dictionnaire universel des blasons, qui permit de trouver le nom du possesseur des armes qu’on peut rencontrer à tout moment, soit sur un livre, soit sur un vitrail, un meuble, une étoffe, une arme, une pièce d’orfèvrerie, en un mot sur un monument quelconque. Palliot a tenté quelque chose de pareil, et son livre en a gagné d’être le plus consulté. Mais combien de questions ne laisse-t-il pas encore sans réponse? Blasonner toute armoirie qui se présente, est chose facile. Il n’en est pas de même, à beaucoup près, dans la plupart des cas, quand il s’agit de trouver le nom du possesseur.

    Pour l’étude et la recherche des blasons, les sceaux sont sans contredit la source la plus abondante et la plus sûre. Malheureusement ils ne donnent pas les couleurs, ce qui occasionne une lacune très- regrettable, et qu’on ne peut combler que par de longues et laborieuses recherches, disons mieux, que par des tâtonnements souvent sans résultat. Les manuscrits, les vitraux, les émaux ont au contraire le grand avantage de nous donner les couleurs. On trouve assez fréquemment sur des pièces d’orfèvrerie des blasons émaillés, qui paraissent là dans tous leur éclat. Une heureuse découverte de ce genre a été faite en 1838. On a trouvé dans l’église de Dammarie (Seine-et-Marne) un charmant coffret enrichi d’émaux. Ce coffret qui a appartenu à Saint-Louis, avait été donné par Philippe le Bel à l’abbaye du Lis. Il avait quarante- neuf écus émaillés, et par bonheur il en reste encore quarante trois. M. Eugène Grésy en a donné dans cette Revue, une excellente description13. C’est là un objet d’art très-intéressant au point de vue qui nous occupe. Il existe au Musée de Cluny un fort beau reliquaire émaillé, qui peut remonter au commencement du XIIIe siècle. On y voit sur un écu à fond d’or un lévrier de gueules. Le componé de gueules de la bordure s’y distingue à merveille. Mais on n’a pas toujours de ces bonnes fortunes.

    Cette question de la couleur est très-importante en blason. On sent bien où naît la difficulté. Elle est dans la similitude des figures opposée à la différence des couleurs. Par exemple, les armes d’Autriche sont, comme on sait, de gueules à une fasce d’argent. Maintenant prenons la maison de Nesle, qui porte d’argent à une fasce de gueules, quel moyen de distinguer, en supposant qu’on n’ait sous les yeux qu’une simple sculpture ou gravure, s’il s’agit de l’Autriche ou de la maison de Nesle. Dans le document que nous publions, il se présente une autre difficulté, celle-ci provient de la similitude des couleurs. En effet la première lettre renferme un écu de gueules à la croix d’argent. Or, ces armes peuvent être, ou celles de l’Ordre de S. Jean de Jérusalem, ou celles de la maison de Savoie, ou celle de la maison d’Aspremont en Lorraine, et peut-être de bien d’autres encore. Nous penchons pour la première attribution. Mais c’est par des raisons étrangères à l’objet en lui-même14.

    Quand il s’est agi d’imprimer des livres de blason on a été bien embarrassé par la difficulté de la couleur. On s’en est tiré en enluminant les blasons sur le livre après l’impression. Mais ce moyen long et dispendieux n’a pu être bien longtemps employé, surtout pour des ouvrages étendus. On s’est alors contenté de donner le dessin des blasons, en indiquant les couleurs par le texte. Le bel ouvrage du P. Anselme en est encore là, ce qui fatigue l’attention dès que les blasons sont un peu compliqués. Ce n’est guère qu’au milieu du XVII’ siècle qu’on s’est avisé de représenter par des points et des hachures convenues et déterminées, les différents émaux du blason. On sait en quoi consiste cette ingénieuse invention. L’écu est semé de points pour indiquer l’or, il reste libre pour l’argent, il est coupé de lignes perpendiculaires pour le gueules et horizontales pour l’azur, le sinople se reconnaît à des lignes diagonales, par tant à gauche du sommet de l’écu pour aboutir à droite à la base. Le sable est un entrecroisement de lignes perpendiculaires et de lignes horizontales, enfin le pourpre est formé de lignes diagonales inverses de celles du sinople, c’est-à-dire de droite à gauche. Or, Vulson de la Colombière, dans son premier ouvrage, qui a paru en 163915, se déclare hautement l’auteur de l’invention. Cela paraît par le titre seul de son ouvrage, mais il a soin de le dire tout au long dans son livre, et termine par ces mots: «Invention dont je m’asseure que les généalogistes me sçauront gré. » D’un autre côté Palliot dit, non moins positivement, que la Colombière dans son système de hachures n’a fait que suivre le P. Silvestre de Petra-Sancta, qui l’avait employé le premier dans son ouvrage intitulé Tesserae gentilitiae, ouvrage qui avait paru en 163816. M. Duchesne aîné, ancien conservateur des estampes de la Bibliothèque du roi, a repris la question, dans une lettre adressée à l’Éditeur de cette Revue, où il revendique l’honneur de l’invention pour notre compatriote17. Ses arguments sont: primo, la parole de Vulson lui- même ; qu’un gentilhomme comme lui n’a pu mentir ; que le P. Petra Sancta, qui explique bien à la vérité le système18, ne dit pas qu’il en soit l’auteur ; qu’enfin que bien que l’ouvrage du P. Petra Sancta soit antérieur d’un an à celui de Vulson, il a bien pu se faire que celui-ci, qui y a gravé lui-même les soixante-quatorze planches de son ouvrage, y ait employé plusieurs années, et que le cardinal Barberin, en ayant eu connaissance, en ait fait part au P. Petra Sancta, lequel lui avait dédié son ouvrage. Ces arguments, comme on le voit, ne sont pas victorieux, car M. Duchesne ne nous dit rien de ces rapports entre le cardinal Barberin et Vulson, rapports qui seuls auraient pu faire arriver à la connaissance du P. Petra Sancta le système de Vulson. Ainsi l’argument irrésistible de l’antériorité en faveur du jésuite romain reste debout. Nous ajouterons que nous sommes en mesure de prouver, que non-seulement les Tesserae gentilitiae ont paru un an avant l’ouvrage de Vulson, mais qu’encore le premier de ces deux ouvrages était composé deux ans avant d’avoir paru. En effet, nous avons vu dans le magnifique exemplaire des Tesserae gentilitiae que possède la Bibliothèque Mazarine, l’approbation du général des jésuites portant cette date, Romae 17 aprilis 1636.

    Evidemment le P. Petra Sancta avait terminé son livre et écrit son explication des hachures qu’on a vue en note, avant d’obtenir cette approbation. Son ouvrage était donc terminé, non plus seulement un an, comme on le croyait par la seule date de la publication, mais bien trois ans avant celui de Vulson de la Golombière. Il y a mieux, tout son système de hachures, et même une planche ad hoc, se trouvent déjà dans son livre De symbolis heroicis, qui a paru à Leyde en 1634. Donc c’est le jésuite romain et non le gentilhomme dauphinois, qui est le véritable auteur du système des hachures19. Au reste cette invention fort commode dut être promptement adoptée 20, et Vulson qui s’en était servi le premier en France put parfaitement être considéré comme en étant le légitime inventeur. Car assurément bien peu de gens y connaissaient l’ouvrage du P. Petra Sancta quand il fit paraître le sien.

    Trois choses constituent le blason. Les émaux, les partitions et les figures. Les émaux comprennent deux métaux, l’or et l’argent, et cinq couleurs, le bleu ou azur, le rouge ou gueules, le vert ou sinople, le noir ou sable, et le pourpre. Les deux fourrures ou pennes, qu’on admet dans le blason, rentrent dans cette catégorie, car le vair s’émaille d’argent et d’azur, et l’hermine d’argent à mouchetures de sable. Pour les émaux, on le voit, rien de plus simple. Mais il n’en est pas de même des partitions. C’est ici la partie difficile du blason, car elle peut amener une foule de combinaisons. En effet, rien que par une seule ligne droite on peut partager un écu de bien des manières, deux fois plus par deux lignes, trois fois plus par trois lignes, et ainsi de suite. On appelle partitions les divisions de l’écu par une seule ligne, et répartitions ses divisions par plusieurs lignes. On admet en blason quatre partitions principales. Le parti, c’est l’écu divisé en deux parties égales par une ligne perpendiculaire; le coupé, la même division par une ligne horizontale ; le tranché, la division de l’écu en deux parties égales par une diagonale partant du coin gauche du sommet de l’écu pour arriver au coin droit de sa base; enfin le taillé, qui divise l’écu par une diagonale dans le sens inverse de la première. 11 résulte de là que par la combinaison du parti et du coupé on obtient quatre portions égales ou quatre quartiers, ce qui a fait nommer la figure ainsi produite, un écartelé. De la combinaison du tranché et du taillé résulte une division de l’écu en quatre triangles égaux, qu’on nomme un écartelé en sautoir. Quatre autres combinaisons du parti et du coupé, donnent les figures qu’on appelle parti-tranché, parti- taillé, et coupé-tranché, coupé-taillé. Enfin, de la combinaison du parti et du coupé avec le tranché et le taillé, on obtient une figure régulière formée par huit triangles égaux, qu’on appelle un gironné. Nous n’irons pas plus avant, ce que nous venons de dire pouvant suffire à faire entrevoir combien de figures diverses on peut mettre sur un écu, à l’aide seule de la règle. Il n’est pas besoin de dire que ce n’est pas là le côté fort de notre petit traité. Au reste, de tous les manuscrits de blason du XVe siècle que nous avons vus, nous n’en avons trouvé qu’un seul où la matière soit traitée un peu convenablement. Malheureusement ce manuscrit n’est pas achevé, et il s’y trouve beaucoup d’exemples de partitions difficiles dont les dessins seuls sont produits et qui attendent leur explication. Quelques- uns des manuscrits modernes au contraire, s’étendent fort au long sur ce point et donnent des partitions si compliquées et si pénible ment imaginées, qu’à coup sûr elles ont dû être bien peu usitées. Quant aux figures, qui dans le blason embrassent à peu près la nature entière, vue il est vrai à la manière du moyen âge, il s’en trouve de pure convention, qui présentent aussi des difficultés. Il y en a de si capricieuses qu’on ne peut deviner ce qu’on y a voulu représenter. Ajoutez qu’on a souvent oublié la signification de certains objets dont la représentation avait été successivement altérée. C’est ainsi, pour ne citer qu’un exemple, que bien des blasonneurs ont pris pour des ornements d’architecture les broyes des Joinville, qui sont des instruments à broyer le chanvre.

    Notre dessein n’est pas de traiter ici, même pour les effleurer, la plupart des questions qui se rattachent au blason. Tout ce que nous voulons, c’est de rechercher à quelle époque ont été composés les traités spéciaux. Après un examen comparatif d’un assez bon nombre de manuscrits que nous avons pu étudier, tant à la Bibliothèque impériale qu’ailleurs, nous nous croyons en droit d’affirmer qu’il ne se trouve guère de traités de blasons antérieurs au commence ment du XVe siècle. Il est bien entendu que nous voulons parler de traités en forme, de ceux qui fixent jusqu’à un certain point la langue et les règles. Un armorial de la Bibliothèque impériale, que nous croyons de peu postérieur à l’an 1418, met constamment noir pour sable, vert pour sinople, etc. On n’était donc pas encore bien fixé sur la langue du blason. Ceci nous a confirmé dans notre opinion, et nous croyons avoir trouvé, dans le document que nous publions, le premier traité de blason en forme qui nous soit resté. Le lecteur en jugera par les détails qui vont suivre.

    Notre document est tiré d’un manuscrit de la bibliothèque Mazarine, que nous croyons du commencement du XVe siècle. C’est un petit in-8° vélin de 70 feuillets, dont les trente premiers comprennent un petit traité de blason, et les autres un petit traité des tournois21. Ce manuscrit n’est pas unique. Il en existe un autre entière ment pareil aux archives de l’empire, contenant, comme le premier, le petit traité de blason, suivi du petit traité des tournois. Une obligeance amie nous ayant libéralement communiqué le manuscrit de la bibliothèque Mazarine, c’est d’après lui que nous faisons notre publication. Ce petit traité comprend, à proprement parler deux choses. D’abord le traité élémentaire de blason en douze chapitres, puis une sorte de petit armorial, entremêlé de quelques règles de l’art héraldique. Les douze chapitres traitent:

    1. de l’invention des armoiries;
    2. de leur composition;
    3. de la manière de blasonner les métaux, les couleurs et les fourrures;
    4. du parallèle entre les sept émaux du blason et les sept planètes, les douze signes du zodiaque, les jours de la semaine, les éléments et les pierreries;
    5. des-pièces honorables;
    6. du nombre des pièces, et de celles dites sans nombre, ou semé;
    7. de la règle de ne jamais mettre métal sur métal, ou couleur sur couleur, avec l’exception pour les armes de Jérusalem;
    8. de l’ordre à suivre en blasonnant les pièces d’un écu;
    9. de la règle de se servir du terme de membre pour les oiseaux, et du terme d’armé pour les quadrupèdes ;
    10. de la distinction à faire entre les lions et les léopards;
    11. L’énumération et la définition des de vises;
    12. enfin des exemples pour blasonner quinze écus difficiles.

    On a là, à peu de chose près, les principes essentiels du blason. C’est donc un véritable traité élémentaire. Quant à sa date, elle ne peut pas remonter plus haut que l’année 1416. Car, dans la seconde partie de l’opuscule, nous voulons parler du petit armorial, on trouve ceci, à l’article du duc de Berri: «Est de l’apanage de la couronne de présent, et n’est plus du compte ne nombre du Vergier de France. » Or, il s’agit ici de Jean, duc de Berri, mort en 1416, et dont l’apanage fit alors retour à la couronne. Cela dit sur le contenu et l’âge de notre manuscrit, passons à sa valeur. Il faut bien qu’elle eut paru grande dans son temps, car il existe, rien qu’à la Bibliothèque impériale, sept manuscrits qui contiennent la reproduction intégrale de ce petit traité de blason en douze chapitres, soit seul, soit entremêlé à d’autres traités.

    Nous citerons d’abord celui de ces sept manuscrits, qui semble rait au premier abord nous donner le nom de l’auteur. C’est un petit in- 12 vélin de 30 feuillets non numérotés. Il porte la cote 10385-3, et est d’une écriture de la seconde moitié du XV siècle. Il commence par la rubrique suivante: «Cy commence certain traictié du blazon d’armes, composé et donné à Jacques, mon seigneur22, fils de monseigneur le duc de Nemours, conte de la Marche, par Clément Prinsault, trés-obéissant de mondit seigneur le duc, et très- humble serviteur de révérend père en Dieu, monseigneur de Castres, oncle dudit Jacques, mon seigneur.» Ceci, à première vue semble bien concluant, et le traité en douze chapitres doit être de ce Clément Prinsault. Cependant, nous nous permettrons d’en douter. D’abord, le manuscrit qui porte le nom de Clément Prinsault, manuscrit que nous avons examiné avec soin, nous a paru être une leçon très-inférieure à celle du texte que nous donnons, et c’est déjà une probabilité contre son originalité. De plus, comment se fait-il que dans les six autres manuscrits de la Bibliothèque qui donnent également ce petit traité, il ne soit pas fait la moindre mention de son prétendu auteur? Ajoutons que notre texte s’ouvre par un prologue commençant par ces mots, «à tous roys, ducs, contes, princes, barons, etc., prologue qui ne se retrouve pas dans le manuscrit du Clément Prinsault, lequel commence par ces mots, qui sont ceux du premier chapitre dans notre texte: * Le très-vaillant et victorieux roy Alexandre, etc. » Maintenant, de ce que ce petit traité en douze chapitres se trouve sans nom, huit fois sur neuf23, de ce que dans la plupart de ces huit manuscrits où le traité est anonyme, le texte est évidemment meilleur que celui du Clément Prinsault, et qu’il est de règle en critique que les meilleures leçons d’un manuscrit sont nécessairement les plus anciennes, puisque presque toutes les fautes viennent des copistes, nous en inférerons, avec toute vraisemblance, que notre Clément Prinsault, ayant trouvé tout fait le petit traité de blason en douze chapitres, se le sera tout bonnement approprié pour s’en faire honneur auprès de son maître. Il est à croire que le cas a pu se présenter fréquemment dans un temps où n’y ayant que des manuscrits, qui sont susceptibles de tous les changemens (-sic-) que l’on veut leur faire subir, et non des livres, qui sont par leur nature même, fixes et immuables, chacun pouvait, sans contrôle, accommoder les premiers à sa guise. Quoique l’on pense de nos conjectures, nous persisterons à considérer notre opuscule comme un petit traité de blason anonyme, et reconnaissable à son nombre de douze chapitres.

    Un autre manuscrit du XVe siècle contient également uniquement le traité en douze chapitres. C’est un petit in-12 carré, vélin, de 23 feuillets écrits, plus deux en blanc, l’un au commencement et l’autre à la fin. Il porte la cote 10544. La reliure, qui est en veau gauffré, offre une foule de petits compartiments alternative ment remplis par des fleurs de lis, des monogrammes du nom de Jésus, et des Agnus Dei. Il commence par les mots: « Pour ce que à toutes manières de gens nobles, comme roys, ducs, contes, barons, chevaliers et escuiers, appartient, etc., » qui sont à peu près les mêmes que ceux du prologue de notre texte.

    Un troisième manuscrit, mais plus récent, puisqu’il est du XVIe siècle, comprend encore uniquement le traité en douze chapitres. C’est un petit in-12 vélin, de 12 feuillets, coté Can. 8194-3. Il commence par les mois: «Pour ce que à toutes manières de gens appartient, » etc. C’est une reproduction postérieure de notre traité anonyme. Au verso du dernier feuillet on lit le nom du possesseur «Ce petit livret de blazon est à noble et puissant seigneur, mon seigneur Tristan de Langhac, seigneur dudit Langhac et deBrassac, baron d’Ainrèze et de Monclar, et vicomte de La Mote. Deo gratias. » Ses armes se voient au recto du même feuillet. Elles sont: d’or à trois pals d’azur, avec la devise A quoy tient-il?

    Les autres manuscrits où se trouvent encore le petit traité en douze chapitres, mais entremêlé à d’autres traités, sont au nombre de quatre.

    1. Un manuscrit portant le numéro 7451. C’est un petit in-folio vélin, de 127 feuillets numérotés en rouge, non compris dix feuillets en tête, sans numéro, qui contiennent une sorte de prologue et la table des matières de tout le livre. La reliure est en veau, à dos de maroquin rouge. C’est un beau manuscrit du XVe siècle, à longues lignes et à rubriques, et orné de quelques miniatures finement exécutées. Il commence par ces mots:«:AIaIoenge de Dieu nostre benoist créateur, à l’onneur des princes et à l’exauce ment de vertu et de noblesse, Je, qui par ma petitesse nommer ne me doy, ay en ce petit volume rassemblé et mis ensemble aucuns petis traictiez, ausquels j’ay adjoustépluiseurs choses servant à tous désirans savoir quelle chose est noblesse. » Au fol. 47, on trouve une miniature représentant un roy-d’armes assis, sans doute celui de Flandre, car il porte le lion de sable sur fond d’or. Il est entouré de personnages debout, ayant chacun un écusson sur leur habit. Au-dessous de cette miniature on lit: Cy commence la table des XII chapitres du blazon d’armes. Et premièrement le prologue. » Suit notre traité, qui va jusqu’au fol. 59. Ce manuscrit porte sa date au dernier feuillet, dans une note qui nous a paru assez curieuse pour être reproduite. L’auteur, après avoir longuement discouru sur la noblesse, termine son livre par ces mots: «Non obstant que pou ou gaires soient aujourd’hui, qui selon le contenu des règles ici notées gouvernent leur noblesse. Mais il le fault imputer au temps qui règne de présent, l’an mil quatre cens quatre vingts et ung. Un autre vendra, se Dieu plaist, qui la relèvera par vertu hors de la fange où aucuns l’ont longuement tenue. » Sauf méprise, cela ne va-t-il pas un peu à l’adresse du roi Louis XI ?
    2. Un manuscrit du XVe siècle, coté Supp. fr. 782. C’est un in-8° vélin de 41 feuillets, le premier et le dernier en blanc, relié en maroquin rouge. Au premier feuillet se trouve une miniature représentant un roi (Charles VIII) debout, en costume royal. Autour sont vingt-et-un écus, dans l’ordre suivant: «Bretaigne, le Dauphin France (sic), Orléans, Borbon, Bourgogne, Normandie, Anjou, Engolesme, Vandome, Fouès, Armagnac, Toulouse, Champaigne, Arthois, Nevers, Flandres, Dugnois, Nemors, Guienne, Berri, Alenson. » Au revers, les armes d’Innocent VIII, avec la date de 1484, et celles de Charles VIII et d’Anne de Bretagne, avec la date de 1489. Au fol. 2 on lit: «Cy commence le blason des armes de nostre Rédemption. » Ce qui l’a fait porter sous ce titre dans les catalogues. Mais c’est une erreur, car il contient bien d’autres choses. En effet, dès le fol. 3e se trouve notre petit traité, qui commence ainsi: «Le très-noble et très-puissant roy Alexandre, pour exaulcer le nom de vaillance de ses hommes, etc. » Viennent ensuite les blasons des chevaliers de la Table-Ronde au temps du roi Artus. Enfin un petit traité des animaux qui se voyent en blason. En voici la liste: «Cy parle du lyon et de sa noblesse et vertus. Si traicte du lyépart et de sa nature. — Le lyépart est une beste très – cruelle, engendrée par advoultrie de la lyonne et du part, ainsi comme dit Ysodore, au XIIe livre. — Si parle du part et de sa complexion. — Part est une beste très-ligier et à plusieurs recondites((Ruses)), et de blanche couleur ainsi comme pantherie. » Suivent les articles du cerf, du sanglier, du chien, du dragon, du cheval, de l’ours. Les oiseaux, l’aigle, l’autour, le huan (le chat-huant), la colombe, la corneille, le cigne, le coq, le griffon. «Cy parle de la complexion des merlez. — Porter en armes lez merlez est signe que le porteur est fait noble par sa force, ou par son sens. » L’auteur passe en suite aux poissons. «Maintenant parlerons de la nature des poissons. Si parle du chancre. » Et il s’arrête là.
    3. Un autre manuscrit, de la fin du XVe siècle, contenant les mêmes matières que le précédent. C’est un petit in-4° vélin, de 38 feuillets non numérotés, coté 10385-3-3-A. On lit au fol. 1: «Cy commence le blason des armes de notre Rédemption. » Au fol. 3 commence notre petit traité, par ces mots: «A tous ducz, comtes, barons, etc., » qui sont, comme on l’a déjà vu, précisément les premiers de notre texte. Suivent les douze chapitres, qui comprennent onze feuillets. Viennent ensuite dix feuillets de blasons peints. Ce sont ceux du roi Artus, des chevaliers de la Table-Ronde, des pairs de France, etc. Il se termine, comme le manuscrit précédent, par le petit traité des animaux héraldiques et de leur signification morale.
    4. Enfin, dans le manuscrit portant le n° 9814-5-5, qui est un in-4° pap. de 363 feuillets, on trouve au fol. 93 cette rubrique: «Cy commenche la table des rubriques de ce présent traictié du blason d’armes. » C’est le même traité que le n° 10385-3, celui de Clément Prinsault, lequel n’y est nullement nommé.

    Notre petit traité de blason n’est pas inédit. Il est reproduit, sauf quelques légères différences, dans un petit in- 12 gothique, dont Brunet, dans son Manuel du libraire, cite plusieurs éditions, une entr’autres imprimée à Paris, par Pierre le Caron, qui porte la date du 23 novembre 1495. Il parle d’une autre édition imprimée à Lyon par Claude Nourry et portant la date du 15 novembre 1503, et dit qu’on lit dans le prologue que l’ouvrage est d’un roi-d’armes d’Aragon nommé Sicile. Peut-être y a-t-il ici erreur de sa part., et qu’il a confondu le petit in-12 gothique intitulé Blason des couleurs, qui appartient bien au hérault Sicile, avec un autre petit in-12 gothique qui, dans l’exemplaire que nous connaissons, se trouve à la suite du premier, et qui porte le nom de Blason des armes. Il est anonyme. Comme l’édition dont nous parlons n’a pas été connue de Brunet, nous allons en donner une description détaillée.

    L’exemplaire que nous avons eu dans les mains, est un petit in-12 imprimé en caractères gothiques((A la rigueur il faudrait dire les deux exemplaires. Mais ils sont si semblables, que nous ne les considérons ici que comme ne formant qu’un seul et même livre.)). Il appartient à la bibliothèque Mazarine, si riche, comme on sait en incunables. Il commence par quatre feuillets non numérotés, sur le premier desquels se lit le titre suivant, que nous reproduisons en observant scrupuleusement la disposition de l’original, et même en ayant soin d’imprimer en italiques ce qui dans l’original est imprimé en rouge.

    «Le Blason des
    couleurs en armes livrées et devises
    sensuyt le livre très utille et sub
    til pour scavoïr et congnoistre du
    ne et chascune couleur de vertu 
    propriete. Ensembla (sic) la manière
    de blasonner les dictes couleurs en plusieurs
    choses pour apprendre à faire livrées devi
    ses et leur blason. Nouvellement imprime
    a Paris. VII. »
    

    Ici, l’écu de France, couronné et soutenu par deux anges.

    «On les vend a Paris en la rue neufve nostre
    Dame a l’enseigne sainct Nicolas((Ceci ne se trouve pas dans l’exemplaire 3351-A*, où il n’y a que la gravure.)).

    Au verso de ce premier feuillet non numeroté (-sic-) se trouve le préambule du livre, qui commence par ces mots: «Pour animer la force de tous nobles couraiges, etc.» Au recto du troisième feuillet non numéroté, on lit: «Se suyt la table de ce présent blason des couleurs divisée en deux parties, la première partie monstre la manière de blasonner toutes couleurs en armoirie, la seconde partie monstre la manière de blasonner toutes couleurs, tant en livrées, devises, qu’en aultre manière.» Après ces quatre feuillets sans numéro on trouve 54 feuillets numérotés, qui forment le livre du hérault Sicile. Pour donner une idée de la manière dont il est conçu, nous en transcrirons ici un passage un peu long, mais que le lecteur ne sera peut-être pas fâché de trouver ici. C’est au fol. 40 verso.

    «Habit moral de l’homme selon les couleurs.

    Par manière de passetemps et à l’augmentation de ce livre, nous parlerons de l’habit de l’homme selon les couleurs.

    Et premièrement. L’homme doibt devant toutes choses avoir la belle chemise blanche, laquelle environne tout le corps, pour démonstrer que l’homme doibt estre chaste et net et de pure conscience, comme la couleur blanche est nette et sans macule.

    La tocque ou bonnet doibt estre d’escarlate rouge qui signifie Prudence. Car ainsi que le rouge est la plus modérée couleur qui soyt, aussi prudence est la vertu qui plus attrempe et modère la vie de l’homme sur toutes aultres vertus.

    Le chapeau doibt estre de couleur perse qui démonstre Science, en signe que science vient de Dieu qui est au ciel, lequel ciel est de couleur perse ; et par ainsi Science sera près de Prudence.

    Le pourpoint sera noir qui signifie magnanimité de couraige, qui doibt enclorre le cuer et le corps de l’homme.

    Les chausses seront grises, qui signifie espérance de parvenir à perfection.

    Les esguillettes seront de pareille couleur, qui démonstre labeur ; car en espérance d’aulcun bien fault que toujours labeur soit devant.

    Les jartiers seront de livrée, c’est a savoir de blanc et de noir, qui signifie Asseur- vouloir qui lye la chausse de Espérance.

    Les souliers communement sont noirs, qui dénote simplicité d’alleure.

    Les gantz seront jaulnes, qui dénote libéralité et jouyssance.

    La ceinture doibt estre violette, qui signifie amour et cour toisie qui doibt ceindre le corps de l’homme.

    Le saye sera de tenné obscur, qui signifie douleur et tristesses desquelles nous sommes toujours vestus.

    La robe soit d’incarnal (sic), qui monstre la forme et manière de bien vivre.

    Pour le dernier, la bourse soit verte, car ainsi que le verd attrait à soy la veue de la personne, aussi la bourse doibt altraire à elle l’or et l’argent pour subvenir à plusieurs affaires. »

    A la suite de ce Blason des couleurs, se trouve, comme nous l’avons déjà dit, le Blason des armes. En voici le titre, reproduit de la même manière que pour le premier traité.

    «Le blason
    des ar
    mes: avec les armes
    des prices et seigneurs
    de France. Et des dix-sept Royaulmes.
    Chrestiens 
    

    Au-dessous, l’écu de France couronné, et c’est là tout le recto du premier feuillet. Le verso n’offre qu’un écu parti de France et de Bretagne. Ce second opuscule comprend les 28 derniers feuillets du volume. Ils ne sont pas numérotés. Au verso de ce vingt-huitième et dernier feuillet, est une gravure sur bois qui représente un arbre à deux branches sans feuilles, dans l’entre-deux desquels est une sphère armillaire d’où pend un écusson représentant saint Denis portant sa tête. Cet écusson est soutenu par un docteur et un berger. Au bas de l’arbre, les lettres P et S. Dans le cadre de la gravure, la légende.

    Enseigne moy mon Dieu
    Que ton vouloir je face,
    Tant qu'au céleste lieu
    Je puisse veoir ta face.

    Et au bas:

    «Imprimé nouvellement à Paris pour Pierre Sergent libraire demeurant en la rue Neufve Notre-Dame à l’enseigne Sainct – Nicolas. »

    Ce blason des armes est anonyme. Nous le répétons, il renferme, à quelques légères différences près, tout ce que contient la première partie du document que nous publions. Un dernier mot sur la manière dont cette publication a été entendue. L’éditeur y a mis le plus grand soin ; les blasons ont été calqués très-exactement et se trouvent disposés dans le texte d’après l’ordre même du manuscrit. On a imprimé en italiques ce qui est en rubriques dans l’original. Enfin, on s’est attaché à reproduire avec toute l’exactitude possible un document, qui, on l’espère, offrira quelque intérêt.

    1. Le Féron. []
    2. Les Œuvres d’Estienne Pasquier. Paris, 1723; in-fol. (tom. II, col. 550). []
    3. testât et comportement des armes, par Jean Scohier, chanoine de Bergues. Paris, 1630;in-fol., (p. 75). []
    4. Voici ses propres expressions: « Lo studio del blasone fu dallo Scosero detto un’ abisso ; raentre, com’ egli scrisse, ed io so per esperiensa, chi vi è applicalo trenta o quarant’ anni, vi trova mai che apprendere. « L’arte del Blasone dichiarata per alfàbeto, elc, del conte Marc’ Antonio Ginnani. InVenezia, 1756, in-4° (au mot blasone). » Le même auteur ne fait pas difficulté d’avouer que les Français ont été les premiers à poser les règles héraldiques, «Ma perô, a dir vero i Francesi furono i primi a formare intorno air armi le Leggi araldiche, e ne slabilirono essi l’arte del blasone curiosa cotanto, et leggiandra. » (Ibid., p. 122.). []
    5. Le P. Ménestrier dans la préface de son Art du blason justifié (Lyon, Benoist Coral, 1661) nous en fournit un exemple qui mérite d’être rapporté. C’est en parlant du premier des d’Hozier, celui qui fut juge d’armes en 1641. Il dit que dans sa correspondance avec ses amis il se servait des termes de cabale. « Ainsi, ajoute- t-il, pour écrire le mariage du comte d’Armagnac avec Mlle de Villeroy, il escrivit que les trois alérions en bande s’allioient à la demoiselle aux chevrons et aux croix ancrées. Et il ne saluoit jamais Mlle la vicomtesse de S. Moris, de la maison de Damas, que sous le nom de la Dame à la croix ancrée.» []
    6. On peut lire dans celte Revue (IXe année p. 1T8) un bon article de M. d’Arbois de Jubainvil le sur les armes de Champagne, dont il explique fort bien les changements successifs. []
    7. Lis: de gueules, à trois pals de vair, au chef d’or chargé d’un lion passant de sable. []
    8. Lis: de sinople, à la fasce d’hermines accompagnée de trois annelets d’argent. []
    9. Lis: d’argent, au chevron de pourpre, au franc quartier échiqueté d’or et de gueules, brisé d’un lambel de trois pendants d’azur. []
    10. Bibl. Imp., ms., 9818, fol. 23. []
    11. Il y a une distinction préalable à établir entre les armoiries et le blason. Le P. Ménestrier a fort bien montré comme quoi les armoiries ont commencé par les Allemands, et le blason par la France. []
    12. Recherches sur l’origine du blason et en particulier sur la fleur de lis par M. Adalbert de Beaumont. (Paris, Leleux, 1853; in-8°, avec 22 planches gravées []
    13. Tom. X, pag. 637 et pl. 227 []
    14. C’est parce que sur les plats de l’un des deux manuscrits il se trouve un blason appartenant évidemment à un chevalier de Malte. []
    15. Sous le titre de: « Recueil de plusieurs pièces et figures d’armoiries obmises par les autheurs qui ont escrit jusques icy de cesle science, blasonnées par le sieur Vulson de La Colombière, dauphinois, suivant l’art des anciens roys d’armes, avec un discours des fondements du blason et une nouvelle méthode de cognoistre les métaulx et couleurs sur la taille douce. Paris, 1639 ; in-fol. » []
    16. « Afin que tout soit connu conformément à la pratique qu’en a premièrement donné le P. Silvestro Petra-Sancta, Romain, de la compagnie de Jésus, dans son Tesserae Gentilitiae, qui a été suivy par Marc de Vulson, seigneur de La Colombière, en son Recueil des armoiries et en sa science héroïque. » (La Traye et parfaicte science des armoiries, 1664; in-fol.). []
    17. Revue archéolog., tom. X, p. 96. []
    18. Voici comment s’exprime le P. Silvestre de Petra-Sancta: « Sed et monuerim etiam fore, ut solius benclicio sculptural, in tesseris gentililiis, quas cum occasio ferct, proponam fréquenter, tum iconis tum areœ, seu metallum seu colorem, Lector absque errore deprehendere possit. Schemata id manifestum reddent: etenim quod punctim, incidelur, it aureum erit: argenteum, quod fuerit expers a omnis sculptural; puniceum, quod cœsim et ductis ab summo ad imum iineolis exarabilur; cyaneum, quod delineabitur ex transverso: prasinum vero, quod oblique ab supero angulo dextero secabilur: violaceum, quod oblique pariter scindelur, sed ab supero angulo laevo ; nigrum, quod cancellatim et in modum, seu crucularum, seu plagularum interceditur. (Silvestre de Petra-Sancta, Testerai Gentilitiae, p. 59). » []
    19. Voici ce que dit le P. Ménestrier en parlant du Tesserae Gentilitiae: « C’est à ce père (le jésuite Silvestre de Petra – Sancta) que l’on attribue l’invention des hachures pour distinguer les émaux des tailles douces; parce qu’il est le premier qui s’en est servi dans l’ouvrage qu’il a publié. » (Le véritable art du blason et l’origine des armoiries; Lyon, 1675 ; in-12, pag. 47). Au reste, il faisait grand cas du Tesserae Gentilitiae. « C’est sans difficulté le meilleur que nous ayons sur ce sujet, parce qu’il est traité méthodiquement, » (Ibid., p. 46). []
    20. Il y eut pourtant des exceptions. C’est ainsi que dans l’Armoriai universel, de C. Ségoin, avocat au parlement et historiographe du roi, armorial gravé en 184 planches, et qui a paru en 1654, on trouve dans une planche explicative des hachures des émaux, le pourpre indiqué par les hachures en carré du sable, et d’un autre côté le sable y est indiqué par des hachures en sautoir. Il est encore bon d’observer qu’il y a bien des livres de blasons antérieurs à celui de l’année 1638 qui offrent des hachures, seulement elles y sont disposées au hasard. Nous citerons pour exemple le Blason des armoiries, de Bara, la seconde édition, qui est de l’an 1620. A la page 20, on y trouve un blason d’un tiercé en bande d’or, de gueules et d’azur, où le gueules est parfaitement indiqué par ses hachures perpendiculaires, et l’azur par ses hachures horizontales, si bien qu’on croirait tenir là le vrai système des hachures. Seulement, à un blason, d’or à trois fasces de gueules, qui se trouve à la même page, le gueules est indiqué par les hachures diagonales de gauche à droite du sinople. []
    21. C’est ce que nous avons appris d’une personne en qui nous avons toute confiance. []
    22. C’est Jacques d’Armagnac, fils de Bernard d’Armagnac, duc de Nemours et de La Marche. C’est lui que Louis XI fit décapiter le 4 août 1477. []
    23. Les sept manuscrits de la bibliothèque, celui des archives et enfin le nôtre. []

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